Your Name

Dans la petite ville reculée d’Itomori, Mitsuha rêve d’une autre vie. Adolescente discrète, elle porte la responsabilité de faire perdurer les cérémonies sacrées du lieu, avec sa petite sœur et sa grand-mère. L’ailleurs ne peut dès lors qu’apparaître plus beau. Son souhait de départ va se réaliser d’une étrange manière, lorsqu’elle se retrouve projetée dans la peau d’un jeune étudiant tokyoïte, Taki, et lui dans la sienne. Ces échanges réguliers, qui leur permettent de se découvrir peu à peu, semblent intimement liés au passage millénaire d’une comète dans le ciel d’Itomori.

Dès les premiers plans, Your Name. déploie une beauté visuelle et une poésie qui ne faibliront pas tout au long du film. L’image en effet saisit, à juste titre, par toute la richesse des couleurs, des mouvements, des contrastes de rythme et de texture. En cela, Makoto Shinkai n’a rien à envier aux Studios Ghibli, l’une de ses références avouées. Il manie avec la même aisance les thématiques éternelles du cinéma japonais, de l’écart entre tradition et modernité aux rapports entre les créatures, humaines ou pas, et la nature qui les entoure. Toutefois, le cœur du film, c’est le temps. Your Name. explore avec sensibilité les liens, parfois bouleversés, parfois distendus, qu’il instaure entre les êtres. Ces derniers se (dé)battent au sein de ses complexes ramifications pour atteindre ce qui les habite avec tant de force. Et peut-être pouvoir lui donner un nom.

Alors que notre monde donne parfois l’impression de ne plus savoir construire de rêves innocents, de récits emportés par la magie de forces mystérieuses, ce film apparaît comme bulle enchantée. Il tisse une toile d’images et d’idées, aux fils éclatants, dont on espère qu’elle nous retiendra le plus longtemps possible.