Réalisé par | Léa Pool |
Pays de production | France |
Année | 1995 |
Durée | |
Musique | Reinhardt Wagner |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Michel Galabru, Pascale Pouzadoux, Pascale Roberts, Laura Favali, Jean-Claude Leguay |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 765 |
Réalisatrice helvético-canadienne, Léa Pool a plus d’une vingtaine de longs métrages (documentaires ou fictions) à son actif. Avec Double Peine elle a choisi de parler des problèmes que soulèvent, dans leurs familles, l’incarcération des femmes, et cela dans différents pays de notre globe. Le film est construit en quatre chapitres qui évoquent cette situation sur trois continents, du Népal au Canada, de la Bolivie aux Etats-Unis.
La plupart des femmes emprisonnées que la cinéaste a croisées sont mères de famille. Dans certains pays, lorsqu’une mère est incarcérée, son nouveau-né ou son jeune enfant peut rester avec elle. Ailleurs ils doivent être séparés : l’enfant sera alors emmené chez un parent ou recueilli par l’Etat. Des situations qui ne sont évidemment pas sans risques: certains de ces enfants en porteront des cicatrices toute leur vie.
On dit qu’au niveau mondial deux tiers des femmes qui sont en prison sont des mères de famille (le plus souvent célibataires). Le système judicaire ne tient pas compte de leurs besoins, ni de ceux de leurs enfants. Qu’arrivera-t-il à ces derniers tant qu’elles resteront en détention? Où et comment vivront-ils ? Quelles pensées, quelles angoisses occuperont leurs esprits? Léa Pool a observé et accompagné le quotidien de plusieurs de ces enfants, présentant aussi le travail d’institutions indépendantes qui œuvrent pour donner un foyer à ces garçons et filles et qui tentent aussi de maintenir un contact - même ténu - entre eux et leurs mères. Double Peine est ainsi un documentaire engagé, subtil et poignant sur un thème d’actualité important : une «charte des droits des enfants dont les parents sont détenus» a bien été rédigée, mais elle est loin d’être appliquée partout.
Le film adopte résolument le point de vue des enfants et le constat est implacable: la majorité d’entre eux (totalement innocents) vont purger des peines comme celles de leurs mères. Dans certains pays les autorités font de leur mieux pour pallier l’absence maternelle ou familiale, mais dans d’autres, faute de moyens, cet encadrement se limite aux interventions des associations, souvent partiellement bénévoles, ou à des ONG qui font un excellent travail, mais inévitablement limité. Avec ce documentaire Léa Pool dresse un tableau critique saisissant, tout en sachant faire preuve de nuance et de discrétion. Et bien des séquences du film sont chargées d’une intense émotion.
Antoine Rochat