Rêves sans étoiles (Des)

Affiche Rêves sans étoiles (Des)
Réalisé par Mehrdad Oskouei
Titre original Starless Dreams
Pays de production Iran
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Bellevaux
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 765

Critique


Mehrdad Oskouei, cinéaste iranien de 48 ans, producteur, photographe et enseignant (de cinéma), est l’un des principaux réalisateurs de documentaires en Iran. Ses films, projetés dans plusieurs festivals, ont reçu de nombreuses récompenses.

Des rêves sans étoiles se présente comme une plongée au cœur d’un centre correctionnel et de réhabilitation pour jeunes filles iraniennes, dans la banlieue de Téhéran. Le cinéaste a posé sa caméra dans ce milieu fermé et a porté un regard extrêmement sensible sur ces (très) jeunes femmes, à la fois dures et tendres, qui ont été incarcérées pour des motifs divers (trafic de drogues, vol à la tire, violences ou même homicide). C’est le réalisateur lui-même qui les interroge, en voix « off », et il le fait avec tout le tact nécessaire.

L’ennui de la vie en prison est accablant, mais la crainte de ce qui pourrait arriver à ces jeunes femmes le jour de leur libération est très grande aussi. Lorsque le Nouvel-An approche, par exemple, certaines d’entre elles espèrent pouvoir fêter en famille, tandis que beaucoup d’autres n’envisagent absolument pas de rentrer à la maison.

Le tableau dressé par Mehrdad Oskouei est très noir. Plusieurs de ces jeunes femmes ont été mariées très tôt, à 14 ans, quelques-unes ont déjà des enfants (à 17 ans), mais ne peuvent les voir que trop rarement. Comment peut-on envisager l’avenir ? «Je suis vieille, je suis lasse de vivre» dit l’une d’elles, qui a 17 ans, et qui a été abusée à l’âge de 12. Quant aux visites des parents – si elles ne sont pas refusées par les intéressées -, elles ne se déroulent pas toujours de façon amène...

Ce qu’il y a de remarquable dans ce documentaire, c’est la présence à la fois discrète et efficace d’une caméra qui offre aux jeunes femmes interrogées un espace d’expression extrêmement libre. Créer cet espace privilégié et respectueux avec les jeunes incarcérées relève d’une grande intelligence. Les questions posées sont précises, elles s’adressent à chaque jeune femme en fonction de son propre passé, mais elles sont aussi, en même temps, des interrogations qui renvoient à la situation générale des femmes en Iran. Les problèmes soulevés sont toujours très personnels, les réponses dramatiques, mais on découvre en même temps des sourires et une forme de légèreté chez ces jeunes prisonnières. Et le spectateur se sent à la bonne distance, à l’abri de toute suspicion de voyeurisme. Voilà un document d’une extrême maîtrise visuelle et technique, qui nous ouvre, en arrière fond, comme une fenêtre sur la société iranienne.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 17