Moonlight

Affiche Moonlight
Réalisé par Barry Jenkins
Pays de production U.S.A.
Année 2016
Durée
Musique Nicholas Britell
Genre Drame
Distributeur DCM Film Distribution
Acteurs Janelle Monáe, Alex R. Hibbert, Ashton Sanders, Trevante Rhodes, Mahershala Ali
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 764
Bande annonce (Allociné)

Critique

Destins croisés: Moonlight s’ouvre sur la rencontre entre le jeune Chiron, surnommé «Little» (Alex Hibbert) et Juan (Mahershala Ali), dealer d’importance dans le quartier de Liberty City. Intrigué par ce garçon mutique, au regard déjà trop profond pour son âge, Juan va le prendre sous son aile. Peu à peu, se révèle à ses yeux la réalité quotidienne vécue par «Little», entre une mère droguée et des camarades de classe déjà bien cruels. Au milieu du chaos, difficile de savoir qui l’on est.
Le film se déploie en trois chapitres, trois versions d’un même homme, trois moments d’un parcours, où il est presque impossible d’être soi. Moonlight c’est peut-être tout d’abord ça: un récit façonné au plus près de son personnage - magnifiquement incarné par trois acteurs différents, qui donnent à voir sans peine une continuité sous les fragments éclatés de vie. Avec pudeur, le réalisateur se penche sur les émotions fragiles, sur les instants de partage, sur les événements dramatiques que Chiron traverse. Quand bien même la violence éclate parfois pleinement, il ne s’y complaît jamais et constate simplement. Sa grande force, toutefois, est d’instaurer également une distance subtile avec le spectateur, par les silences, par les ellipses, ce qui laisse toute sa profondeur et sa complexité au protagoniste principal, ainsi qu’à ceux qui croisent son chemin.

Moonlight c’est aussi une vraie œuvre, où chaque plan compte. Les êtres sont magnifiés par les lumières, filmés au plus près des visages ou alors enfermés dans les décors comme dans leur propre corps. Certaines scènes tiennent parfois presque de l’onirisme - quand ce n’est pas explicitement le cas - portées par une musique qui se substitue aux mots jetés par les personnages. Cela n’empêche pas à la dureté du réel de resurgir sans cesse, rendue plus forte par contraste avec ces moments de suspension. Car la lutte est bien sûre centrale dans le film, puisque constante dans la vie de Chiron. Il faut lutter contre ceux qui vous font du mal, lutter contre soi-même, lutter pour devenir, peut-être, une fois, celui que l’on est indéniablement. Car oui, il y a l’homosexualité, oui il y a la classe sociale, oui il y a la couleur de peau mais il y a surtout la différence. En refusant la démonstration facile ou l’insistance sur une seule dimension, le film nous renvoie d’autant plus fortement à des douleurs, vécues pour certaines, à jamais étrangères pour d’autres.

Alors choix politique ou appréciation d’une œuvre à part entière, peu importe les prix. L’essentiel est que dans ce miroir qui nous est tendu, on reconnaisse enfin l’autre, dans toute sa singularité, si proche.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 17
Geneviève Praplan 15
Nadia Roch 15
Philippe Thonney 17
Anne-Béatrice Schwab 18