Ame du tigre (L')

Alex (Frédéric Siuen) est franco-chinois sur le papier, mais français dans sa vie. Fils d'immigrés, il a toujours vécu en France et ne connaît rien, ni de l'histoire de sa famille, ni des traditions de son pays d'origine, ni même de la langue de ses parents. Voulant à tout prix faire la lumière sur la mort mystérieuse de son frère, il va devoir se rapprocher de sa famille et s'intéresser à ses racines.

Le conflit des générations et des cultures n'est pas un thème nouveau, mais il est toujours intéressant quand il est bien traité, que ce soit sous un angle comique ou dramatique. L'âme du tigre, malheureusement, manque sa cible. La faute à de trop nombreuses longueurs, à une histoire d'amour entre cousins qui prend trop de place et ne débouche finalement sur rien, et à un dénouement cousu de fil blanc. C'est fort dommage, car le film aurait pu aller beaucoup plus loin dans le drame ou l'émotion. Mais l'on se rend compte qu'au fond, on se moque pas mal de l'énigme qui fait courir le héros, avec d’ailleurs une certaine mollesse assez éloignée du tigre. Le film offre toutefois un éclairage culturel intéressant, sur la manière dont la tradition chinoise appréhende le passé, les secrets, le deuil et le non-dit. Ces scènes-là sont très réussies et bénéficient d'acteurs talentueux et bien choisis. Dommage que le reste ne soit pas aussi inspiré.

Pour terminer, il y a tout de même un scandale à dénoncer. Le réalisateur François Yang est né à Fribourg, il a étudié le cinéma à l'ECAL, et son film est en partie produit par la RTS. Malgré cela, il n'y a guère de comédiens romands dans son générique, même pas pour une figuration ou un second rôle. Certes l'histoire se passe en France, mais ce ne sont pas les comédiens talentueux qui manquent dans un pays où Godard, Chabrol ou Costa-Gavras sont souvent venus chercher des interprètes.