Grande Muraille (La)

Affiche Grande Muraille (La)
Réalisé par Zhang Yimou
Titre original The Great Wall
Pays de production Chine, Etats-Unis
Année 2016
Durée
Musique Ramin Djawadi
Genre Aventure, Historique, Fantastique
Distributeur universal
Acteurs Matt Damon, Willem Dafoe, Jing Tian, Pedro Pascal, Zhang Hanyu
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 760
Bande annonce (Allociné)

Critique

Avec Coming Home (2014) on s’était réjoui de retrouver le cinéma intimiste et proche du réel de Zhang Yimou. Avec La Grande Muraille c’est la déception : même si l’on peut repérer parfois la patte du réalisateur du Secret des poignards volants, ce voyage sur les mythiques murailles de l’Empire du Milieu ne satisfera que les spécialistes des effets spéciaux ou des orgies guerrières.

On est au XIe siècle. William Garin (Matt Damon) est un mercenaire qui a été capturé et emprisonné par les soldats de l’armée chinoise stationnée sur la Grande Muraille. Avec son acolyte Pero Tovar (Pedro Pascal), il sillonnait la Chine à la recherche d’une poudre noire aux effets magiques et dévastateurs. William découvre alors la fonction secrète de cette colossale «merveille du monde» : ses  milliers de kilomètres de remparts doivent résister aux attaques incessantes de créatures monstrueuses désireuses d’anéantir totalement l’espèce humaine. William décide de s’engager dans les rangs de l’armée chinoise et, dans un ultime affrontement susceptible de sauver l’humanité, de combattre cette force bestiale démesurée de grands loups-lézards carnassiers, déferlant de l’horizon par centaines de milliers.

Signée Zhang Yimou, cette superproduction américano-chinoise met en scène un Matt Damon surentraîné, bien décidé à protéger le pays de ses ennemis à quatre pattes. Mais voilà : Matt Damon n’est pas chinois et les principaux seconds rôles sont attribués à d’autres étrangers - à l’acteur chilien Pedro Pascal et à un autre américain connu, Willem Defoe… Un détail gênant qui n’a pas échappé à une critique qui a très vite manifesté son mécontentement. Faut-il aller jusqu’à dire, comme certains, que La Grande Muraille perpétue le mythe raciste selon lequel seul l’homme blanc peut sauver le monde ? Zhang Yimou a tenté de répondre en disant que son film est ancré dans les racines légendaires de la Chine, qu’il possède le plus grand casting chinois jamais réuni, avec de grandes vedettes (comme Jing  Tian et Wang Junkai), et que ce blockbuster (il a coûté 143 millions de dollars) sera distribué dans le monde entier… Le troisième argument est sans doute le meilleur : La Grande Muraille n’a pas d’autre objectif que de remplir les tiroirs-caisses des maisons de production. Pour l’anecdote on notera que les autorités chinoises ont déversé leur colère sur les critiques de cinéma de leur pays parce que leurs commentaires sur le film étaient souvent peu élogieux. Et pourtant La Grande Muraille avait déjà rapporté en dix jours (en Chine) 107 millions. En attendant sa sortie aux Etats-Unis…

«Heroic fantaisy» bourrée d’images numériques, tablant sur l’action et une certaine recherche esthétique, La Grande Muraille ne dépasse pas le niveau d’une sanglante épopée chevaleresque. Déluges guerriers, inflation de gueules terrifiantes, on se bat avec des arcs, des flèches, des épées et des canons dans cette production commerciale formatée (en 3D) où les effets spéciaux se veulent surprenants, mais sont au service d’une brutalité guerrière quasi permanente et lassante.

Antoine Rochat

La critique n’est pas tendre avec ce film. En effet, nombreux sont les journalistes à parler d’un navet dans lequel Matt Damon se perd et ne convainc guère. Certains déplorent des costumes kitsch et accuse le réalisateur de vouloir faire de son blockbuster sino-américain un hymne à la violence en accumulant des clichés guerriers. Le scénario choque, « tant l'exaltation de l'esprit de sacrifice, et de la discipline des troupes chinoises, renvoie aux pires films de propagande maoïste» (Télérama).

En lisant les innombrables attaques contre ce réalisateur qui compte dans sa filmographie plusieurs chefs d’œuvres inoubliables (Yudou, le Sorgho Rouge, Epouses et concubines pour n’en citer que quelques-uns), on est en droit de se poser la question suivante : pourquoi un tel virage ? Pourquoi s’inspirer de ces superproductions américaines quand on sait faire de si beaux films liés à sa propre culture ? A Zhang Yimou de répondre à cette interrogation.

Il n’empêche qu’en faisant abstraction de toutes ces critiques négatives – certaines par ailleurs probablement justifiées- et en acceptant que le cinéaste inscrive à son palmarès une œuvre différente, on peut se laisser prendre (ou surprendre) par cette légende. Car il s’agit bien d’une légende à ne pas prendre trop au sérieux, qui ne pousse certainement pas à une réflexion profonde et intellectuelle, mais qui nous emmène dans un monde fantastique dont les effets spéciaux sont magnifiquement maîtrisés offrant quelques images superbes (les costumes, le ballet des lanternes lumineuses qui s’envolent, les décors). Les actions sont parfois orchestrées comme une chorégraphie, permettant de rappeler le talent et la précision du réalisateur, pour notre plus grand plaisir.

Nadia Roch

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 7
Nadia Roch 13