Paterson

Affiche Paterson
Réalisé par Jim Jarmusch
Pays de production U.S.A.
Année 2016
Durée
Musique Jim Jarmusch, Carter Logan, Shane Stoneback
Genre Drame, Comédie
Distributeur inconnu
Acteurs Golshifteh Farahani, Adam Driver, Rizwan Manji, Trevor Parham, William Jackson Harper
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 759
Bande annonce (Allociné)

Critique

Une ville. Un couple. Un chien. Et les jours qui passent. De retour avec Paterson, Jim Jarmusch explore les rapports entre temps, poésie et médium cinématographique, inscrivant le tout dans la forme-même de son film. Il propose ainsi, à travers un récit faussement simple, une invitation à la contemplation, la création et la réflexion à partir de ce qui nous entoure.

Paterson (Adam Driver) conduit son bus dans les rues du lieu qui porte son nom. Des images, des bribes d’histoires de vie, des êtres croisent sa route ; il en fait des poèmes, qu’il compile religieusement dans un carnet. A la fin de sa journée, il retrouve toujours Laura (la lumineuse Golshifteh Farahani), qui peint, découpe, reconstruit et enchaîne les envies de création, et Marvin, le chien ronfleur. Après le repas, il fait avec ce dernier une promenade nocturne qui l’amène immanquablement au bar du coin, lui aussi peuplé d’individus pour le moins romanesques. Chaque jour, la même routine et chaque jour, naît la poésie.

Jarmusch suit pas à pas son personnage principal, que ce soit dans ses déambulations physiques ou mentales. En nous menant ainsi au plus près de l’imaginaire créatif de Paterson, il nous convie à voir le monde par les yeux de ce dernier, un regard flottant et empathique, qui en capte pourtant d’infimes détails. Le visage si particulier d’Adam Driver semble s’offrir de fait à ce qui l’entoure comme une surface où s’inscriraient images et récits, tout en ne laissant rien transparaître des mouvements créateurs qui l’habitent. Cette simplicité dans le rapport aux choses, aux autres et même au processus d’écriture se retrouve transposée dans ses poèmes, tout comme dans la forme du film. En effet, et c’est là que ce déploie toute la richesse de ce Jarmusch, c’est par la répétition, la scansion de motifs visuels, de situations, de cadrage, de mots et leur variation subtile que le réalisateur fait entrer en écho son travail et celui de son personnage.

En faisant lui-même de son film un poème sur Paterson, Jarmusch nous offre plus largement une ode aux petites choses de la vie qui peuvent contenir tant de beauté malgré leur apparente banalité. Plus que la création à l’œuvre, les textes qui s’affichent à l’écran en même temps que leur auteur les compose thématisent cette poésie cachée du quotidien. Doit-on d’ailleurs y voir une critique du réalisateur face à l’utilisation toujours plus grande des textos dans le cinéma contemporain ? Son personnage se refuse en tout cas à posséder un téléphone portable et le film dans son entier semble éviter de se laisser assigner une époque précise, tant l’ambiance et les décors évoquent des temps révolus ou fictifs, de Kerouac à Hopper, en passant par Patti Smith.

Œuvre de résistance au spectaculaire qui nourrit tant de productions hollywoodiennes, réflexion sur la création artistique, qu’elle soit celle du cinéma ou de la poésie, histoire d’amours ? Paterson est sans doute un peu de cela et bien davantage; comme toute oeuvre d’art, il laisse, au-delà de son riche discours, la place à chacun d’y projeter ce qu’il veut.

Adèle Morerod


Paterson, conducteur de bus vit dans la ville du même nom, aux côtés de Laura, artiste en devenir et de leur chien Marvin, un bouledogue anglais. Le temps s’égrène avec bonheur et sans surprise, alors que Paterson confie ses poèmes à un carnet secret, tout en songeant à William Carlos William et Allan Ginsberg qui, eux aussi, vécurent dans cette cité  aujourd’hui en décrépitude. Les jours se suivent et se ressemblent, sauf que des vers invitent à  cueillir l’instant et à lui donner une tonalité, une couleur, un son… Et du coup, ce film se mue imperceptiblement en poème du quotidien et de l’éphémère, où, sans faire grand bruit,  s’invitent l’humour et l’insolite. C’est d’ailleurs les effets de répétition, conjugués à de légers glissements qui déploie les densités d’un instant fugitif ou qui souligne le caractère unique et émouvant d’une rencontre, comme celle par exemple d’une petite fille qui elle aussi, écrit des poèmes dans un carnet personnel.

Serge Molla

 

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 16
Serge Molla 16
Geneviève Praplan 18
Anne-Béatrice Schwab 17
Georges Blanc 15
Sabrina Schwob 17