Mystère Jérôme Bosch (Le)

On ignore à peu près tout de Jérôme Bosch (vers 1450 – vers 1516), peintre néerlandais, rattaché aux «primitifs flamands », proche du courant humaniste d’un Erasmus ou d’un Thomas More. Que peut dès lors proposer le réalisateur de ce riche documentaire? Un peu d’investigation pour commencer, dans les archives de la Confrérie de Notre-Dame qui conservent le nom de l’artiste. Un rappel, accompagné par la chanson de Brel interprétée en flamand, de ce qu’est le Plat-Pays, terre natale de Bosch…

Plus que toute autre considération, Le jardin des délicesservira de fil conducteur, tableau peint entre 1490 et 1510, exposé à Madrid, au musée du Prado. Ce sera l’entrée en matière de Lopez-Linarez, dont la caméra se pose sur les visiteurs du musée, fascinés par le triptyque. Quel public se presse-t-il devant l’œuvre ? Tout le monde, sans doute.
Pour le réalisateur, toutefois, des écrivains comme Salman Rushdie ou Orha nPamuk, des musiciens comme Wiliam Christie ou Gabriel Garcia Larcón, des philosophes comme Michel Onfray, des historiens, des chercheurs, des restaurateurs d’art…Chacun observe les détails de la peinture et en donne son interprétation, si bien qu’on a parfois le sentiment de tourner en rond.

Il s’agit donc d’une étude savante du tableau, ou plutôt de ses interprétations possibles, aussi nombreuses que les regards posés sur lui. La perception d’aujourd’hui se heurte à la compréhension de l’époque et le film a l’intelligence de rappeler le contexte médiéval.  Il faut voir les cathédrales, par exemple, leurs rondes de gargouilles et de diablotins qui n’ont rien à envier au monde merveilleux de Jérôme Bosch.

Univers joyeux et facétieux ou prémonitoire de grands dangers, la lecture à faire de cette œuvre reste un grand mystère.