Fille de Brest (La)

Affiche Fille de Brest (La)
Réalisé par Emmanuelle Bercot
Pays de production France
Année 2015
Durée
Musique Martin Wheeler, Bloum
Genre Drame
Distributeur frenetic
Acteurs Benoît Magimel, Sidse Babett Knudsen, Isabelle De Hertogh, Charlotte Laemmel, Lara Neumann
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 758
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film de dénonciation, La Fille de Brest s’attaque à un dossier complexe, celui d’un médicament controversé, le «Médiator», aujourd’hui interdit et qui a beaucoup fait parler de lui il y a quelques années. Une très forte personnalité et humaniste : voilà comment la cinéaste Emmanuelle Bercot décrit Irène Frachon (excellente Sidse Babett Knudsen), la pneumologue qui a soulevé le problème.

Irène Frachon, médecin au CHU de Brest, va lancer une alerte en 2009 lorsqu’elle a la conviction qu’un lien étroit existe entre une série d’atteintes cardiaques mortelles et la prise d’un médicament «coupe-faim», le Médiator, fabriqué par les laboratoires français Servier. Confrontée à une administration intransigeante et lâche, face à diverses commissions qui ne veulent rien savoir, face aussi à l’entreprise pharmaceutique elle-même, Irène va déployer toute son énergie pour montrer qu’elle a raison.

C’est à partir du livre d’Irène Frachon Médiator de son sous-titre un temps censuré « 150 mg : Combien de morts ? » qu’Emmanuelle Bercot a construit son film, qui se présente comme le portrait d’une femme déterminée, qui n’a rien à perdre et veut absolument faire éclater la vérité. A ce jeu-là Sidse Babett Knudsen (on l’a découverte dans L’Hermine (Christian Vincent, 2015) et aussi dans la série TV Borgen) est absolument remarquable. Elle se heurtera à son collègue et professeur Antoine Le Bihan (Benoît Magimel), médecin plus discret, et elle tiendra bon.

La Fille de Brest est un film de combat qui s’adresse à un large public. La cinéaste a réussi à rendre compréhensible un dossier complexe, dans le respect des faits, des événements et d’une procédure qui n’est d’ailleurs pas terminée aujourd’hui. La plupart des scènes sont intéressantes: tourné dans le CHU de Brest, le film plonge immédiatement les spectateurs dans la réalité d’un bloc opératoire, avec une intervention «en direct». Un corps est ouvert, les valves du cœur sont lésées, les ravages du médicament-poison sont là… Cette scène d’une opération chirurgicale est filmée de façon frontale (Emmanuelle Bercot est fille de chirurgien cardiaque…). On suivra par ailleurs une autre patiente, Corinne Zaccharia (Isabelle de Hertogh), jusqu’à la fin de sa vie.

Le film entretient un suspense durant 128 minutes, les rebondissements sont multiples et la tension est très palpable. On se surprend à attendre - dans cette description d’un système médical qui devrait protéger les gens, mais qui est faussé par des intérêts financiers -
les retombées médiatiques des révélations d’Irène Frachon. D’autres personnages interviendront encore, comme la journaliste du Figaro qui prépare un scoop, ou la thésarde en pharmacie qui choisit à ses risques et périls d’étudier de près les méfaits du Médiator.

La Fille de Brest est un long métrage bien documenté, rythmé, musique à l’appui. Il y a peut-être quelques longueurs ici ou là, mais l’énergie du récit l’emporte sur ces petits défauts. Et le film sait aussi alterner les épisodes de tension avec des moments plus humains (Irène et sa famille, ses enfants, le rôle de son mari, les consultations de ses patients). Film-dossier efficace, rondement mené, La Fille de Brest a réussi à intégrer tout un matériau historique fait de chiffres, d’études, de statistiques, de relevés d’écrans d’ordinateurs, de réunions de spécialistes - plus ou moins sympathiques -, tout cela réuni dans une quête intelligente et
sensible de la vérité.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Georges Blanc 15