Vie (Une)

Affiche Vie (Une)
Réalisé par Stéphane Brizé
Pays de production France, Belgique
Année 2015
Durée
Musique Olivier Baumont
Genre Drame
Distributeur xnix
Acteurs Jean-Pierre Darroussin, Yolande Moreau, Nina Meurisse, Judith Chemla, Swann Arlaud
N° cinéfeuilles 758
Bande annonce (Allociné)

Critique

Avec La Loi du marché (2015), Stéphane Brizé a prouvé que le naturalisme l’intéresse. Guy de Maupassant (1850-1893) dont il adapte le premier roman - Une vie ou L’humble vérité, paru en 1883 - ne lui fait pas peur, il a raison. L’essai est engageant.

Jeanne (Judith Chemla) a terminé ses études au pensionnat et vit à nouveau chez ses parents (Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreau), dans leur propriété normande. De la vie, elle ne connaît que la douceur du château familial et le parfum des fleurs. Le premier gentilhomme venu rendre visite à la famille deviendra son mari. Mais Julien (Swann Arlaud) se montre avare et surtout infidèle. Jeanne entre dans l’âge adulte en même temps que dans la désillusion.

Une vie coule goutte à goutte. Ce n’est pas dans le style contemporain, mais le public peut aussi ralentir son rythme. La mise en scène est simple, sans effets de lyrisme, toute dévouée à Jeanne et à ses désillusions. Dans les séquences les plus sombres, le montage insère des plans de lumière qui rappellent les souvenirs heureux. Et si les scènes s’éternisent parfois, les nombreuses ellipses ramènent l’équilibre.

Brizé suit Maupassant dans sa peinture d’une époque où, malgré la richesse, la vie était dure, les hivers froids et les intérieurs sombres. L’Eglise toute puissante venait prendre sa part, et pas toujours pour le meilleur. En fin de compte, les âmes fragiles et les rêves déçus pouvaient bien se pétrifier en des sentiments déraisonnables… On pense à Madame Bovary.

La qualité principale du réalisateur est d’avoir su respecter l’esprit de l’écrivain, le réalisme plutôt que le romantisme. Et s’il y a de la poésie, elle se dégage avant tout de la paix campagnarde. Les séquences, très longues, illustrent en douceur le temps qui passe si lentement, les attentes de moins en moins comblées, l’ennui et l’isolement qui s’adossent aux chagrins.

Et puis, il y a l’être humain, celui du passé trop souvent idéalisé, si semblable à celui d’aujourd’hui. Le nouveau film de Stéphane Brizé rappelle, discrètement, que le mensonge, la solitude, les soucis d’argent sont de bien vieux compagnons.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Nadia Roch 10