Alliés

Affiche Alliés
Réalisé par Robert Zemeckis
Titre original Allied
Pays de production U.S.A.
Année 2016
Durée
Musique Alan Silvestri
Genre Thriller, Romance, Historique
Distributeur universal
Acteurs Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, Lizzy Caplan, Daniel Betts
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 758
Bande annonce (Allociné)

Critique

1942 : en plein désert du Maroc, un homme remonte la piste vers Casablanca. Il doit y retrouver une résistante française, qui est censée jouer le rôle de sa femme dans le cadre d’une mission contre les nazis. Mariés, Max Vatan (Brad Pitt) et Marianne Beauséjour (Marion Cotillard) finissent par le devenir réellement, une fois regagnée l’Angleterre. Alors qu’ils se construisent une petite vie à eux, les services secrets confient à Max leur soupçon que Marianne serait une espionne allemande infiltrée, le poussant à établir lui-même la vérité.

L’impression qui s’impose dès les premières images du film est celle d’assister à un récit qui découlerait des pistes non explorées par le célèbre Casablanca de Michael Curtiz. Et de toute évidence, Robert Zemeckis a fait d’Alliés un hommage au genre du film noir des années 1940. Hormis le chef d’œuvre de 1943, on pense aussi à Quand la ville dort de Huston (1950) ou encore à La Griffe du passé de Tourneur (1947), le tout projeté dans le contexte de l’Angleterre du Blitz. De toute évidence, on est cependant loin de l’imitation directe ; couleurs, ampleur de la reconstitution (qui parvient néanmoins à ne pas paraître trop artificielle ou exagérée) et rythme sont autant d’éléments qui inscrivent clairement le film dans une forme d’hommage plutôt que de continuité. Une certaine tendance à basculer du côté du mélodrame n’est sans doute pas pour rien dans ce décalage. En effet, alors que l’intrigue de base aurait pu donner lieu à de multiples retournements de situation, le réalisateur préfère suivre les errances de son personnage masculin, tout entier à son amour pour celle qui l’a peut-être trahi. C’est finalement faire preuve d’une certaine fidélité ou en tout cas d’honnêté de la part de Zemeckis que d’assumer pleinement son goût pour les protagonistes intègres et de renoncer aux psychologies torturées des (anti-)héros typiques du film noir.

Peut-on voir dans ces constants écarts avec le genre, qui semble par ailleurs tant lui plaire, une forme d’aveu d’impuissance ? Sachant qu’il n’y aura jamais aussi beau et transperçant que le face à face d’Huphrey Bogart et Ingrid Bergman autour de As Time Goes By ou que la silhouette de Sterling Hayden s’effondrant dans la prairie tant espérée, Zemeckis nous offre-t-il donc un film fantôme, aux lents mouvements de caméra qui entraînent personnages et spectateurs dans une valse qui ne parviendra jamais à réactualiser le passé ? Cette distance ineffable se retrouve également dans le jeu des deux stars, qui semblent tous deux avoir conscience de n’offrir qu’un support au reflet des figures mythiques dont ils occupent un instant la place et qui s’y plient de bonne grâce. La question du jeu, de l’incarnation de personnages traverse d’ailleurs tout le film, thématisant d’une part bien entendu l’identité trouble des agents et tout particulièrement de Marianne mais aussi la démarche générale de l’œuvre, qui rejoue un genre, une période de l’histoire du cinéma inatteignable. Est-ce que c’est parce que c’est joué que c’est pour autant faux ? Non, et c’est sans doute pourquoi on est touché par la tentative de Zemeckis.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14