Client (Le)

Affiche Client (Le)
Réalisé par Asghar Farhadi
Titre original Forushande
Pays de production Iran, France
Année 2016
Durée
Musique Sattar Oraki
Genre Drame
Distributeur frenetic
Acteurs Taraneh Alidoosti, Shahab Hosseini, Babak Karimi, Farid Sajjadihosseini, Mina Sadati
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 756
Bande annonce (Allociné)

Critique


Tout comme dans A propos d’Elly et Une Séparation, AsgharFarhadi auscultela société iranienne et les êtres à la manière d’un Tchekhov. Une fois encore, il fait preuve de très grande habileté en plaçant ses personnages dans des situations où ils se révèleront au plus intime sans laisser indemne le spectateur.

Alors qu’elle croyait ouvrir la porte à son mari, une femme laisse entrer un inconnu chez elleet est agressée dans sa douche. Pour éviter toute humiliation,le couple de comédiens de théâtre n’informe pas la police et le conjoint mène seul l’enquête, afin d’établir lui-même la justice. L’agression imprègne donc tout le film, sans jamais être montrée, laissant ouverte la question de savoir s’il y a eu ou non viol. Toutefois, la volonté des protagonistes d’étouffer l’affaire sans réussir à évacuer le drame génère un profond malaise qui marque leurs attitudes et leurs réactions.

Les faits se sont déroulés dans le nouveau logement du couple, contraint d’avoir déménagé en raison de fissures apparaissant dans leur ancien appartement.  Mais le nouveau contient encore des affaires de la précédente locataire qui avait, semble-t-il des mœurs légères, et que fréquentait un vendeur de profession ce qui explique qu’en persan et en anglais ; le film s’appelle Le vendeur. Le décor n’est donc pas anodin : il en dit autant sur celles et ceux qui y évoluent et révèle l’état d’une société hypocrite et policée.

Cette réalisationse déploie lentement, mais avec grande efficacité. Elle se fonde sur la recherche de l’agresseur par le mari, relatée parallèlement à l’exposition de la pièce d’Arthur Miller, La Mort d’un commis voyageur, (dans une adaptation visée par la censure du ministère de la culture et de l’orientation islamique) qu’interprète par le couple est en pleine répétition.Emad (ShahabHosseini) joue Willy Loman, l’homme défait par la compétition économique, Rana (TaranehAlidoosti) est Linda, l’épouse impuissante à prévenir la destruction de son mari.

Comme le souligne un critique, « le mari semble intérioriser toute la colère de manière plus aiguë que sa femme, comme si son honneur blessé était plus important que la santé de sa femme. Au lieu de se soutenir, les protagonistes se soupçonnent et s’isolent au fur et à mesure que le film progresse, laissant peu de place à l’espoir et à l’optimisme. » Ainsi, Rana traumatisée, souhaite avoir constamment Emadà ses côtés, alors même que leur intimité est mise à mal.

Et si ce dernier retrouve l’agresseur, quelle sera sa réaction ? Pardonnera-t-il ou se vengera-t-il ? Ecoutera-t-il le responsable ou sera-t-il sourd à toute demande comme le patron inflexible de Willy Loman ?  Sa femme se tiendra-t-elle à ses côtés ? Et quelle pourrait-être la réaction de la famille du responsable ? Les non-dits, les questions d’humiliation privée et publique, la thématique de la vengeance, l’influence d’une pièce forte sur les acteurs qui l’interprètent soir après soir, tout cela fait de ce film un regard pénétrant sur l’humain, sur qui déploie ou dissout sa dignité.


Prix d’interprétation masculine pour Shahab Hosseini au Festival de Cannes 2016
Prix du scénario au Festival de Cannes 2016

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 19
Geneviève Praplan 15
Anne-Béatrice Schwab 19