Aquarius

Clara (Sônia Braga) ne veut pas quitter l’appartement chargé de souvenirs qu’elle habite depuis des lustres dans un immeuble des années 40 sur le bord de mer à Recife, enlaidi par des rangées de buildings modernes. Or le bâtiment est convoité par des promoteurs immobiliers qui veulent en faire une résidence de luxe pour vacanciers richeset ont déjà réussi à déloger tous les autres habitants en rachetant leurs logements. Beau visage émacié, chevelure luxuriante attachée en un chignon sculptural, l’ancienne journaliste et critique de musique leur tient tête malgré les menaces et les coups montés pervers qu’ils imaginent pour l’intimider et la faire fuir. Mais celle qui a été une jeune femme libre, - on la voit en 1979 dans une voiture sur une plage en train de faire découvrir à ses copains la cassette de la chanson «Another One Bites the Dust» du groupe de rock Queen et qui s’envoie en l’air avec fougue -, a survécu à un cancer du sein comme son interprète, Sônia Braga, qui montre furtivement dans une scène, la cicatrice laissée par l’ablation d’un de ses seins. A 65 ans, elle est une femme forte qui résiste, une grand-mère aimante, désireuse de transmettre les valeurs du monde dans lequel elle a grandi, une jouisseuse quis’assure sans complexe les services d’un gigolo.

Dans ce deuxième film, le réalisateur brésilien Kleber Mendoça Filho dénonce la violence et la corruption du système capitaliste brésilien,prêt à tout pour faire toujours plus d’argent sur le dos des plus pauvres. A travers le personnage de Clara, il esquisse aussi le portrait de la moyenne bourgeoisie de son pays qui n’a pas abandonné une attitude paternaliste et condescendante envers ses employées de maison. Malgré des longueurs et quelques plans quelque peu chahutés,le film, porté à bout de bras par la sublime Sônia Braga, est fort et convaincant.