Mr Gaga, sur les pas d’Ohad Naharin

Ohad Naharin, né en 1952 en Israël, est l’un des grands noms de la danse contemporaine. Quand Tomer Heymann a obtenu de lui qu’il lui consacre un documentaire, les deux hommes ne se sont plus quittés, le cinéaste accumulant des images durant des années. La biographie révèle un homme d’une immense exigence, dont le génie attache à lui les danseurs les plus doués.

Le chorégraphe a grandi dans un kibboutz, dansé tout petit pour lui-même et compris très vite que là était sa vie. Les apprentissages chez Martha Graham, Alvin Ailey, Maurice Béjart, tant à New York qu’en Israël l’ont ramené à sa propre recherche, à ce qu’il portait au plus intime de lui-même, une compréhension unique du mouvement.
Revenu dans son pays où il a repris la compagnie Bathseva, il a popularisé le sens du langage corporel. «Ecouter son corps avant de lui dire quoi faire», voilà sa conviction. Cette forme de gymnastique, connue sous le nom de Gaga, et pratiquée dans le monde entier, à Lausanne notamment, a donné son titre au film.

Mais c’est la danse et la chorégraphie dont il s’agit ici. Le documentaire de Tomar Heymann est prenant. Le réalisateur a su capter la stupéfiante mobilité des danseurs, l’intense beauté des ballets et leur sens profond. Ohad Naharin se dit très attaché à Israël, son pays. En même temps qu’il lutte contre sa politique et réclame la fin de l’Occupation. Il a aussi vécu des drames personnels et des passions qui l’habitent toujours.

Comment ne pas comprendre ces hantises à travers des chorégraphies lancinantes, d’une magnifique sensualité? Dans le film, l’adéquation entre la biographie et sa traduction sur scène est une réussite. Elle est due à un montage exemplaire auquel ont collaboré Naharin et Heymann. Seule cette complicité pouvait mêler les images de façon que les extraits de ballets se lient aussi étroitement à l’histoire d’une vie.