Déesses indiennes en colère

Affiche Déesses indiennes en colère
Réalisé par Pan Nalin
Titre original Angry Indian Goddesses
Pays de production Inde, Allemagne
Année 2015
Durée
Musique Cyril Morin
Genre Comédie dramatique
Distributeur filmcoopi
Acteurs Amrit Maghera, Rajshri Deshpande, Pavleen Gujral, Anushka Manchanda, Sandhya Mridul
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 751
Bande annonce (Allociné)

Critique

Déesses indiennes en colère s’incrit dans une série de films qui nous parviennent d’ailleurs (comme le récent Much Loved de Nabil Ayouch, 2015) pour nous parler de problématiques, problématiques qui nous concernent bien plus qu’on ne souhaite le croire.

Pan Nalin nous entraîne à la suite d’un groupe de jeunes femmes, réunies à l’occasion du mariage de l’une d’entre elles, Freida (Sarah-Jane Diaz). D’horizons différents, quoiqu’ayant toutes bénéficié d’un certain niveau d’éducation, elles vont se rencontrer, se confronter et se découvrir au cours des jours passés à préparer la fête. Et peu à peu transparaissent les failles non seulement des êtres mais aussi d’un pays entier, qui enferme ses femmes selon toute sorte de moyens.

En ouvrant l’histoire avec un pied de nez à l’industrie bollywoodienne, le réalisateur annonce d’emblée la couleur: ici pas de place pour les vieux stéréotypes; ses héroïnes se battent et iront loin pour défendre leur droit à vivre. Il faut ici reconnaître l’incroyable casting féminin qui porte littéralement chaque plan et parvient à conférer à chaque figure son individualité. Dans le style aussi, la distance est posée car Déesses indiennes en colère est un film rock, dont le rythme se confond avec les mouvements qui habitent ses personnages – Pan Nalin est d’ailleurs un représentant du cinéma indépendant. Si certaines images évoquent les moins bons clichés américains de plage et de fête, c’est pour être immanquablement brisées en mille morceaux par le retour de la réalité. Dans une société où toute une tradition, notamment religieuse, met la femme à l’honneur, couve cependant toujours une menace qui vient mettre l’innocence et le bonheur en péril.

Chacune des héroïnes incarne de par son histoire une partie de ce poids. Il serait si facile de voir dans cet éventail de problèmes une exagération ou un raccourci scénaristique. Et pourtant, le viol, l’homophobie, l’agression, l’inégalité de traitement face au travail, face à la justice sont autant de réalités connues de toute femme, une fois ou l’autre, personnellement ou par le récit de proches. Mais ce qui est le plus surprenant, c’est qu’il faille des films comme Déesses indiennes en colère ou encore le précédemment cité Much Loved (Nabil Ayouche, 2015) qui semblent venir de si loin, pour que la triste vérité de telles constatations nous soit perceptible. Ces problématiques qui nous concernent tout autant, ne serait-ce que parce qu’elles décrivent aussi ce qu’il en est ici,  ne sont quasiment jamais traitées dans les productions occidentales. Si le changement et la prise de conscience doivent provenir de l’extérieur, essayons alors au moins de les accueillir. Un mouvement de solidarité que le film lui-même ne renierait pas.

 

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 17
Anne-Béatrice Schwab 16
Georges Blanc 15
Geneviève Praplan 15