De l’autre côté de la mer

Affiche De l’autre côté de la mer
Réalisé par Pierre Maillard
Pays de production France
Année 2015
Durée
Musique Béatrice Thiriet
Genre Drame
Distributeur Aardvark Film Emporium
Acteurs Carlo Brandt, Michele Venitucci, Kristina Ago
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 747

Critique

Après plusieurs documentaires, Pierre Maillard revient à la fiction avec De l’autre côté de la mer. A la fiction, vraiment ? Le terme est réducteur pour ce film où mémoire et présent, onirisme et poésie, actualité et immuabilité se mêlent jusqu’à former un moment de cinéma parfait.

Deux pays, trois destins et la mer au milieu. Un ancien photographe de guerre (Carlo Brandt) revient sur les traces de son passé dans les montagnes d’Albanie. Dans ces mêmes montagnes, une jeune femme (Kristina Ago) aime un homme, s’exposant par là à la fureur vengeresse des siens. De son côté, un prêtre italien (Michele Venitucci) cherche à venir en aide aux migrants échoués dans ces contrées, quitte à renier ses convictions.

Il est parfois des films devant lesquels on redoute de formuler quoique ce soit, parce qu’ils vous coupent le souffle, vous emportent par leur beauté, leur profondeur, leur intensité.De l’autre côté de la mer est de ceux-là.Alors peut-être vaut-il mieux évoquer par petites touches les ouvertures proposées par le film, autant de pistes indiquées par le film sans réponse définitive. Tout d’abord, l’éternelle tragédie d’êtres entassés sur un bateau et lancés au milieu de la mer vers une illusion de salut : discrètement mais sûrement, la question des réfugiés se love au cœur du récit, faisant écho aux parcours des personnages à différents stades. Cette réalité toujours aussi actuelle voit son atrocité renforcée encore par la dimension poétique voire onirique du reste de l’œuvre, dans un effet de contraste saisissant. La beauté des paysages, spectaculaires ou désolés, leur côté parfois iréel participent de ce sentiment de flottement, de rêve.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, les contrées filmées avec soin dans le film sont par ailleurs le cadre lourd et ambivalent d’une tradition, d’une culture, d’un environnement, tout ce qui fait un pays. Ce qu’on y voit ou vit peut faire basculer un destin, ailleurs comme ici. Carcan ou inspiration, les personnages s’y perdent immanquablement afin de pouvoir mieux se retrouver eux-mêmes. Et surtout, s’ouvrir aux autres : c’est là peut-être la plus belle parole exprimée par De l’autre côté de la mer. Finalement, la seule manière d’être au monde c’est d’aller à la rencontre de l’autre.

Adèle Morerod

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 19