Réalisé par | Hou Hsiao-Hsien |
Titre original | Nie Yinniang |
Pays de production | Taïwan |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Giong Lim |
Genre | Action |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Chang Chen, Shu Qi, Yun Zhou, Tsumabuki Satoshi, Ching-Tien Juan |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 742 |
On ne présente plus Hou Hsiao-Hsien, cinéaste taïwanais de 68 ans dont la filmographie est impressionnante. Récits épiques ou socio-politiques sur l’histoire de Taïwan (de La Cité des douleurs, 1989, à Three Times, 2005), expériences avant tout esthétiques (Les Fleurs de Shanghaï, 1998), tentatives plus poétiques (Le Voyage du ballon rouge, 2007) ou autobiographiques (Poussières dans le vent, 1986), tous ses films constituent une œuvre originale, jugée parfois assez difficile d’accès.
Avec The Assassin on remonte au Moyen Âge chinois (IXe s.), au temps des luttes entre un pouvoir impérial très fort et des régions rebelles en quête d’autonomie. La jeune Nie Yin Niang (Shu Qi), spécialiste des arts martiaux, a reçu l’ordre d’assassiner son propre cousin, gouverneur de la province de Weibo. Assumera-t-elle sa tâche ?
Si le sujet est simple, la lecture du film est plus complexe, de par la volonté du réalisateur d’utiliser les ellipses, de ne pas épauler son récit par une construction très structurée, et de procéder par de nombreuses ruptures temporelles. S’il y a dans cette histoire quelques scènes de sabres et d’épées et quelques meurtres, il n’y a pas de véritable fil rouge, pas de désir manifeste d’entretenir une tension particulière ou une forme de curiosité : le cinéaste semble vouloir éviter de trop guider son public... Tous les éléments qui pourraient, d’un point de vue dramatique, faciliter la lecture du récit sont comme volontairement inexploités. Les silences durent, les interrogations subsistent, les échanges sont rares, et les personnages restent dans une grande solitude, à l’image du spectateur parfois.
Peut-être en demande-t-on un peu trop, à ce spectateur, ou peut-être est-ce un affaire de culture ? Que celles et ceux qui attendent d’un film qu’on les prenne par la main, qu’on les captive par une intrigue subtile ou qu’on les distraie par des scènes d’action ne rêvent pas…
Le rêve, dans The Assassin, est ailleurs : dans une étonnante douceur – sèchement coupée parfois par un combat rapide - , dans un souci plastique de tous les instants, dans des images éblouissantes et d’admirables tableaux muets de paysages, dans de brusques changements de lumière et dans un choix sonore parfait, discret et évocateur. Le cinéaste Hou Hsiao-Hsien, plus peintre que romancier, n’a pas fini de nous surprendre.
Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015
Antoine Rochat
Chine, IXe siècle. Nie Yianniang revient dans sa famille après de longues années et après s’être secrètement formée aux arts martiaux. La voici désormais prête à jouer son rôle de justicière et à éliminer les tyrans. Mais accomplira-t-elle jusqu’au bout sa mission, lorsqu’elle découvrira que celui qu’elle doit éliminer n’est autre que son cousin ? Un choix s’impose donc à elle : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec l’ordre auquel elle appartient. Sur une telle trame, on aurait pu s’attendre à un film de Kung-fu ou de sabre, mais, hormis de très rares scènes, il n’en est rien. Ce qui intéresse le réalisateur, c’est bien plus de montrer un temps, ce qu’il fait de magistrale manière. Après un prologue en noir et blanc, il passe à la couleur pour le développement de son récit.
Dans de longs plans-séquences, l’histoire se déroule en exploitant ce qui se situe à l’arrière-plan des personnages, le contexte des objets qui les entourent, voire les paysages dans lesquels ils évoluent. L’ensemble se déploie presque comme une immersion dans la peinture chinoise classique d’une extrême beauté, dégageant parfois un calme absolu. Ainsi un très grand soin a été apporté aux costumes, aux rites (bain, repas…), aux décors et à la nature (forêt de bouleaux, lac, brume remontant le long de parois rocheuses). A l’inverse de tant de ses collègues, Hsiao-Hsien s’intéresse peu à la psychologie de ses personnages : « Si un film était un fleuve ou plus exactement un torrent, je m’intéresserai au cours de ce torrent, à sa vitesse, à ses méandres, ses tourbillons, beaucoup plus qu’à sa source ou à son embouchure. »
Serge Molla
Serge Molla
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 15 |
Serge Molla | 18 |
Nadia Roch | 15 |
Anne-Béatrice Schwab | 18 |