Free to run

Affiche Free to run
Réalisé par Pierre Morath
Pays de production France, Belgique, Suisse
Année 2016
Durée
Musique Kevin Queille
Genre Documentaire
Distributeur Outside the Box
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 741
Bande annonce (Allociné)

Critique

«De nos jours, courir est commun (…). Il y a à peine quarante ans pourtant, la course de fond était une activité puritaine et élitaire, réservée aux seuls champions de la piste ou aux stakhanovistes du marathon, distance de 42 kilomètres héritée d’un mythe antique et qu’on croyait alors faites pour les fous ou les masochistes», rappelle le cinéaste suisse.

La course de marathon est née aux Jeux Olympiques de 1896 à Athènes. Elle s’appuie sur des légendes entourant la victoire de Marathon, en 490 av. J.-C,  qui mit fin à la première guerre médique opposant les Grecs aux Perses. La plus connue rapporte l’exploit d’Euclès, envoyé de Marathon à Athènes pour annoncer la victoire des Grecs et qui, après plusieurs heures de course, serait mort d’épuisement à l’arrivée.

Le réalisateur n’en parle pas. Mais comment ne pas y penser en voyant, au cœur de son film, la terrible image de la Suissesse Gabriela Andersen-Schiess, ravagée par les crampes, la fatigue et la déshydratation, franchissant l’arrivée en titubant. Il n’empêche, l’épreuve avait été magnifiquement remportée par l’Etasunienne Joan Benoît. C’était en 1984, lors des Jeux Olympiques de Los Angeles. Des jeux particuliers parce que marqués par une victoire des femmes; elles venaient seulement d’être admises aux épreuves de fond supérieures à 1500 mètres.

Une victoire? Il y a soixante ans, l’idée que les femmes puissent courir faisait tressaillir la société. Trop fragiles, trop émotives, elles réussissaient mieux aux concours de lavage de vaisselle. Kathrine Witzer et d’autres championnes racontent comment elles ont commencé à mesurer la liberté et le bien-être générés par ce sport et la volonté qu’elles ont mise au service de leur cause: obtenir des Fédérations d’athlétisme de participer aux compétitions.

C’est l’un des éléments centraux de ce film captivant. Il y en a d’autres. Comme le destin de l’athlète d’exception qu’a été Steve Prefontaine, champion insurpassé de son temps, passionné, novateur, tué dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans. Ou celui de Fred Lebow, homme infatigable qui a fait du marathon de New York l’une des épreuves les plus célèbres du monde.

Pierre Morath, historien, journaliste, ancien athlète d’élite était l’homme qu’il fallait pour réaliser cette belle histoire de la course. Appuyé par le témoignage d’athlètes de haut niveau, par la richesse des archives, il en évoque l’évolution, de ses débuts à aujourd’hui. L’enthousiasme est toujours vivant, vibrant; la ferveur ne s’est pas tarie.

Il y a aussi l’incroyable histoire de Noël Tamini, ce Valaisan qui a lancé la revue Spiridon au début des années septante. Pendant quinze ans, à travers le monde entier, ce journal a diffusé l’esprit libre et fier de la course, s’est battu contre le conformisme pour ouvrir la pratique à tous en l’émancipant de ses règles étroites.

Aujourd’hui, Spiridon a disparu. Pourquoi? C’est que, comme dans les autres disciplines sportives, le professionnalisme s’est noyé dans le goût de l’argent. La pureté et le romantisme qui ont prévalu pendant des années se sont  fanés dans la compétition. Reste pourtant l’inaliénable «liberté de courir en forêt». A ceux qui n’auraient pas encore essayé, le documentaire de Pierre Morath donnera une excellente impulsion.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Nadia Roch 18
Anne-Béatrice Schwab 18