Lobster (The)

Affiche Lobster (The)
Réalisé par Yórgos Lánthimos
Pays de production Grèce, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Irlande, France
Année 2014
Durée
Genre Science fiction, Drame, Comédie
Distributeur Haut et Court
Acteurs Rachel Weisz, Colin Farrell, Jessica Barden, Ashley Jensen, Olivia Colman
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 740
Bande annonce (Allociné)

Critique


«Si vous n’aviez pas de deuxième chance en amour, en quel animal aimeriez-vous être transformé?» C’est la question qui est posée à David (Colin Farrell), quitté par sa femme pour un autre homme. Installé pour quarante-cinq jours dans l’Hôtel, lieu où sont rassemblés tous les célibataires de la Ville, il doit trouver une nouvelle compagne sous peine d’être changé en homard (la bête de son choix, qui donne son nom au film). Le compte à rebours commence pour lui et ses compagnons d’infortune.

En nous proposant un futur par trop réel, dans lequel la relation amoureuse est au centre de tout, alors même que l’amour n’y tient plus de place, Yorgos Lanthimos porte un regard désenchanté et cynique sur les rapports humains. Ce n’est pas pour autant qu’il est dénué d’humour ou de tendresse envers ses personnages. (Le réalisateur est d’ailleurs un habitué des petites mondes étranges, peuplés de figures marquantes, voir Alps, sorti en 2011). Mais que la schématisation extrême de la relation est glaçante et la représentation d’un monde sans amour saisissante!La diction découpée et le jeu figé des acteurs renforcent encore cette impression d’êtres vides de tout sentiment. Il faut saluer ici le casting impeccable, surtout Colin Farrell, dont on oublie trop souvent la présence incroyable, à l’oeuvre dans chacun de ses rôles, et la magnifique Rachel Weisz. Une interrogation toutefois: pourquoi diable vouloir absolument placer la moue figée de Léa Seydoux au milieu d’une aussi belle série d’acteurs? Quoi qu’il en soit, Lanthimos nous offre au fond un grand film romantique, dont la forme se déploie, à l’image de la première scène de chasse, au ralenti. Un film romantique au goût particulièrement amer.

Adèle Morerod


Ce qui retient en premier lieu l’attention, c’est l’originalité du scénario qui inverse le cours attendu des événements. La société décrite – quelque part dans une Angleterre future – ne tolère plus l’adulte solitaire ; seuls les couples ont le droit de vivre dans la durée. Aussi, afin d’éviter d’être transformé en animal de son choix (p. ex. un homard), chacun, s’il est seul, dispose de 45 jours pour trouver l’âme sœur. Quant aux rares irréductibles, les Solitaires, les voilà condamnés à se cacher et à vivre dans la forêt pour échapper à quelque chasse.

Si l’ambiance  que distille ce film est bien celle de l’étrangeté – non dénuée d’humour, vu l’inattendu de certaines situations – celle-ci ne suffit pas à susciter quelque sentiment de compassion. Aussi Colin Farrell et Rachel Weisz ont beau incarné des Solitaires rebelles, on ne suit hélas leur parcours que par contrainte, ce qui est d’autant plus regrettable vu l’angle choisi pour réfléchir aujourd’hui à la solitude et à la difficulté du lien conjugal. Tout désir, hormis exception, semble avoir disparu au cœur de cette société imaginaire sans relief. Tout désir, tout goût, tout… ce qui conduit à s’interroger : l’humain serait-il un animal de déraison ? (SM)
Prix du Jury au Festival de Cannes 2015

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14
Serge Molla 13
Georges Blanc 8
Antoine Rochat 13
Nadia Roch 8