Iraqi Odyssey

Affiche Iraqi Odyssey
Réalisé par Samir
Pays de production Suisse/Allemagne/Emirats Arabes Unis
Année 2015
Durée
Genre Documentaire
Distributeur looknow
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 739

Critique

La mémoire d’une famille de classe moyenne livre une solide fresque de l’histoire irakienne récente.

A découvrir presque quotidiennement dans les actualités, l’Irak d’aujourd’hui est un pays meurtri par la violence et ployant sous les pressions religieuses, aussi les images des années 50 et 70 paraissent-elles provenir d’un autre monde. Et même d’un autre rapport au monde qui semblait se concentrer autour d’un projet et d’une volonté de « modernité ». Ainsi Bagdad offre-t-elle alors le visage d’une ville en pleine expansion, libre et ouverte. Quelques décennies plus tard, tout a basculé. Mais que s’est-il passé ? Que sont devenus les acteurs de ces temps d’ouverture ?

C’est en enquêtant sur sa propre famille que le réalisateur Samir, né en 1955 à Bagdad d’une mère suisse et d’un père irakien, émigré avec ses parents en 1960 en Suisse, tente de répondre à ces questions douloureuses. Aujourd’hui, sa famille est dispersée dans le monde entier : Abu Dhabi , Auckland (Australie), Los Angeles et Buffalo (Etats-Unis), Paris (France), Moscou (Russie) et Zürich. Sa destinée est en ce sens analogue et exemplaire à celle de plus de quatre millions d’Irakiens exilés. « C’est une histoire universelle, car elle concerne mon grand-père, ses enfants – mes oncles et mes tantes – et leurs enfants respectifs, qui sont maintenant dispersés dans le monde entier en raison des circonstances politiques. Membres d’une famille de clase moyenne, ils ont tous pris position en faveur de leur pays, l’Irak, et se sont opposés au colonialisme. Comme des milliers de citoyens, ils se sont engagés dans le combat pour une société laïque. Il n’y avait pas pour eux de contradiction entre leur origine arabe, le progrès technologique, social et économique, et la constitution démocratique de la société. »

Au travers d’images d’archives et d’interviews croisés entre divers membres de sa famille, Samir réussit à montrer les engagements décisifs des siens et à révéler les déceptions et les revers qui les ont conduits à quitter (définitivement ?) leur terre natale. Aussi l’odyssée débute-t-elle avec la figure patriarcale du grand-père qui joua un rôle majeur contre le colonialisme anglais. Un deuxième temps est accordé aux vagues d’émigration lorsque les proches de Samir cherchent refuge à l’étranger suite aux séries de coups d’Etat répressifs qui ponctuent les années 60 et 70, et mènent à la venue au pouvoir de Saddam Hussein.

La dernière partie revient sur l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et sur la destitution du dictateur. S’ouvre alors la période actuelle tout aussi sombre que les précédentes, avec un Etat islamique qui tisse sa toile. Analyse des uns, émotion des autres, humour, colère, passion sont au cœur des témoignages que Samir a  réussi à rassembler. Et lorsqu’il réunit (presque) tous les siens, protagonistes du film, pour leur passer une première version de son travail, la variété des regards et le débat qui s’instaure immédiatement souligne que le réalisateur a su nuancer son propos et faire partager la douleur de tout exilé.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 17