Trois Souvenirs de ma jeunesse

Affiche Trois Souvenirs de ma jeunesse
Réalisé par Arnaud Desplechin
Pays de production France
Année 2014
Durée
Musique Grégoire Hetzel
Genre Drame
Distributeur xnix
Acteurs Mathieu Amalric, Dinara Droukarova, Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet, Cecile Garcia Fogel
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 725
Bande annonce (Allociné)

Critique

On se souvient peut-être du Paul Dedalus (Mathieu Amalric) de Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), un film d’Arnaud Desplechin datant de 2006. Futur professeur de philosophie, le même personnage revient aujourd’hui sur nos écrans pour raconter trois souvenirs de sa jeunesse: son enfance dans le Nord (Roubaix), sa vie familiale ponctuée par les éclats de son frère Yvan et les délires de sa mère, la sortie de son adolescence, l’insouciance des fêtes avec ses amis Mehdi, Kovalki, Pénélope, ses relations avec son cousin Bob et sa sœur Delphine. Paul se souvient de son arrivée à Paris, de sa rencontre avec la professeur Behanzin et de sa vocation naissante pour l’anthropologie. Et surtout de son coup de foudre pour Esther…

Le premier chapitre («Enfance») met en images les toutes jeunes années du petit Paul qui choisit de quitter sa mère pour aller vivre chez sa tante. Le suivant («La Russie») raconte une aventure très particulière: en voyage (scolaire) en URSS, Paul goûte à la vie
d’espion en offrant à un jeune inconnu son passeport français. Dans le troisième chapitre enfin, Paul, à 19 ans, tombe éperdument amoureux d’Esther, une jeune femme de 16 ans. Leur amour sera passionné, tumultueux. Esther (Lou Roy-Lecollinet) ne pourra pas s’empêcher de tromper Paul pendant son absence – il étudie à Paris, elle reste à Roubaix -, et lui fera de même avec une étudiante.

Le sous-titre du film, Nos Arcadies, se voulait-il allusion au pays imaginaire du bonheur? Toujours est-il que le troisième souvenir occupe une place trop grande dans le film, qui se transforme assez vite en une romance sentimentale pas très palpitante. Les aventures à Moscou étaient plus intéressantes, et l’on espérait faire meilleure connaissance du jeune Paul. Mais les repères temporels se brouillent vite, le récit s’appuyant sur la mémoire – parfois défaillante ? – du protagoniste principal. Les dialogues, la musique et les images – de très beaux regards droit dans la caméra - ne sont pas en cause, plusieurs séquences sont fortes, le jeu des acteurs est excellent (en particulier celui de Quentin Dolmaire, qui incarne Paul), mais tout cela ne suffit pas à maintenir l’intérêt.

Antoine Rochat


Fil rouge, le personnage de Paul Daedalus (patronyme lourd de sens) laisse remonter à sa mémoire trois moments-clés de son existence. L’enfance à Roubaix, avec ses violents conflits avec sa mère, dépressive qui finira par se suicider. L’adolescence avec son frère et sa sœur, aux côtés d’un père veuf, inconsolable et absent ; c’est l’époque où à l’occasion d’un voyage d’études en URSS, il participe à une mission clandestine et donne sa propre identité à un émigré du même âge en partance pour Israël. Dès 19 ans, amitiés, études et surtout amour, Esther, qui sera contre vents et marées l’amour de sa vie.

Paul « se souvient » à la façon d’un Georges Pérec où les souvenirs sont réveillés par tel décor, telle musique, telle émotion forte, tel détail insignifiant pour les autres, mais si unique pour le protagoniste. Temps de l’enfant qui se réfugie chez sa grand-maman pour échapper à la folie maternelle, période des émois et des maladresses où l’amour déclaré ne peut être qu’éternel et embrasser le monde entier. C’est la passion pour l’autre, Esther ou soit un peuple inconnu, qui conduit Paul, toujours désireux  de comprendre, à effectuer des études d’anthropologie. Quant à Esther, jamais elle ne quittera ses pensées, quand bien même ils ne feront pas route commune. Autant dire qu’on retrouve ici la  patte Desplechin, plus affirmée, plus construite et maîtrisée qu’auparavant. Serait-ce que ces trois récits enchâssés sont véritablement autobiographiques ou que cette construction d’une mémoire fictive fait cadeau de bien beaux souvenirs ?

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 11
Serge Molla 15
Anne-Béatrice Schwab 14
Philippe Thonney 12
Georges Blanc 11