Les Héritiers

Au lycée Léon-Blum de Créteil, Anne Gueguen (Ariane Ascaride), professeur, a hérité d’une classe d’ados où elle parle le plus souvent dans un impressionnant brouhaha, au milieu d’élèves qui zappent en permanence selon les vibrations de leur portable, qu’ils ont dans leur poche ou sur leurs genoux. La voix de la prof n’est plus qu’un élément parmi d’autres, complètement déconnectée, et ses propos sont sans aucun lien avec les élèves. Jusqu’au moment où l’enseignante a l’idée de proposer à sa classe de participer au «Concours national de la résistance et de la déportation», proposé par le ministère de l’Education. D’abord réticents, les jeunes acceptent finalement de jouer le jeu lorsqu’ils se rendent compte que ce sujet traite en fait de la condition des enfants et des adolescents dans le système concentrationnaire nazi.
Presque caricatural dans sa première partie, tant cette classe paraît impossible à diriger, autant documentaire que fiction, ce film devient captivant lorsque l’état d’esprit de ces jeunes se transforme peu à peu et change même complètement quand Léon Zyguel, lui-même déporté à l’adolescence, accepte de venir leur parler. Il y a longtemps que cet homme a pris l’habitude de témoigner devant des classes, c’est même le combat de sa vie depuis septante ans.
«C’est un film d’autant plus optimiste que cette histoire est vraie et prouve qu’il est possible de passionner les plus rétifs. A condition qu’on les mette au cœur du processus pédagogique. Rien n’est donné à l’avance, rien n’est évident. Mais la relation qui se crée avec les élèves est la plus belle chose qu’on puisse vivre». Ces propos de la réalisatrice justifient son choix de nommer «héritiers» les jeunes qu’elle a découverts dans ce lycée et à qui elle a offert l’occasion de prendre une belle revanche sur les a priori dont ils étaient victimes jusque-là.