Alpsummer

Ils ont laissé téléphones mobiles, ordinateurs et télévision en bas, dans la plaine. Pas question de troubler la paix des alpages du Muotathal, au fin fond du canton de Schwytz, où les quatre familles filmées par Thomas Horat montent au début de l’été pour y garder des troupeaux de moutons, de chèvres, de vaches, de chevaux et même quelques cochons tout roses, qui vadrouillent dans l’herbe avec un plaisir évident.

C’est une image idyllique de la vie à la montagne, loin de tout ce qui peut parasiter l’harmonie entre la nature, les hommes et les animaux que nous donne à voir le documentariste d’origine schwytzoise avec son dernier film Alpsummer. Sur fond de chants traditionnels des bergers de la région et d’airs d’accordéon, il suit le quotidien rustique de ces familles qui sont montées avec leurs jeunes enfants, ravis de courir après les brebis, de traire une chevrette, de caresser le museau de leurs chiens de troupeau et d’apprendre comment on baratte le beurre. On y célèbre la messe en gueulant sa prière dans un seillon renversé, on y mange des macaronis à la crème avec appétit, on s’y lève à l’aube avec entrain.

C’est un  portrait de la Suisse des origines, avec ses patriarches généreux et ses femmes au foyer - ici, c’est vraiment le cas de le dire !- que le réalisateur de Brunnen dépeint, un monde en somme en voie de disparition. En cela, il fait un travail d’ethnologue. Le rythme du film est lent mais pas ennuyeux, l’horizon entre ciel et vallonnements est superbe, la connivence avec les animaux et la vie qui leur est offerte dans ces alpages nous changent des reportages- indispensables par ailleurs - sur les élevages concentrationnaires et les porcheries industrielles d’en bas. Une bouffée d’air pur en somme, qui invite à aller faire une balade en montagne un de ces prochains week-ends.