La cour de Babel

Affiche La cour de Babel
Réalisé par Julie Bertuccelli
Pays de production France
Année 2013
Durée
Genre Documentaire
Distributeur agorafilms
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 6 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 698

Critique


Absolument remarquable. Tel est le qualificatif approprié pour cet excellent film, réalisé par Julie Bertuccelli, déjà auteur de plusieurs autres documentaires et, par ailleurs, fille de Jean-Louis Bertuccelli, le réalisateur de Docteur Françoise Gailland. Voici un document mêlant à merveille joie, émotion et didactisme, tourné pendant toute une année scolaire dans un collège parisien. Et plus précisément dans une classe d'accueil où des ados entre 11 et 14 ans, de toutes nationalités, se retrouvent ensemble afin d'entamer leur vie en France après que leurs parents ont dû ou voulu fuir leur pays. Tout au long de cette année, on verra le plaisir de l’école s’installer, la détresse du déracinement s'amoindrir, les rêves se dessiner, les caractères s'affirmer… et la pratique du français s'améliorer.
De l'Ukraine à la Chine, de l'Afrique noire à l'Irlande, du Maroc à l'Amérique du Sud, toutes les couleurs, toutes les latitudes sont représentées dans cette classe. Mais les différences nationales s'effacent rapidement pour former un seul et même ensemble, dans lequel l’Africaine et l'Asiatique sont à égalité, s’apprennent leurs cultures et fraternisent.
La principale réussite de la réalisatrice est d'avoir su habilement éviter l'énorme piège qui amoindrit la plupart du temps la qualité et l'impact de ce genre de films: même si l'on peut légitimement supposer que certaines scènes ont été, ne serait-ce qu'un tout petit peu, préparées à l'avance, on ne le remarque jamais. On est à chaque seconde dans la spontanéité la plus totale, autant dans les joies que dans le travail ou l'émotion, autant avec les jeunes qu'avec la prof ou les parents.
Cette prof, parlons-en, elle occupe évidemment une grande place dans le film, en étant le ciment de la classe. Nous la voyons dans de nombreuses situations, sachant être sévère, franche avec les parents, sachant aussi se réjouir des progrès de ses élèves, et le film nous offre de très beaux moments de dialogue entre elle et ces jeunes en quête de racines dans un contexte parfois très dur. Elle sait parfaitement affronter certaines situations, comme lorsqu’une des élèves, dans un moment de colère et de découragement, voit du racisme là où il n’y en a pas. Un autre beau moment du film est lorsqu’il aborde le thème de la religion, des croyances respectives. Ce qui est le point de départ à des discussions parfois enflammées, mais toujours respectueuses. Par exemple, cette scène dans laquelle un jeune musulman explique que le Coran ne peut être touché par un non-musulman. Lui tendant sa Bible, une jeune chrétienne africaine lui assure qu’il peut la prendre dans ses mains sans risquer de se brûler.
Ce que montre le film, délicatement, sans l'asséner, est évidemment à l'opposé des discours politiques réducteurs et diffuseurs de la haine de l’étranger. Ces jeunes, de par leurs rêves et leur énergie, font réellement partie intégrante de la société de demain. Et leurs conditions de vie dans cette classe leur apprennent à vivre, à se soutenir, à progresser ensemble. Car comme le crie une jeune fille, on est tous les enfants de Dieu.

En résumé, si le soussigné a donné la note 19 à ce film, c'est uniquement pour ne pas mettre un 20, bien qu'il n'ait pas réussi à définir clairement les bémols responsables de ce point en moins...

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 19
Georges Blanc 15
Daniel Grivel 16
Anne-Béatrice Schwab 17