Tel père tel fils

Affiche Tel père tel fils
Réalisé par Hirokazu Kore-eda
Pays de production Japon
Année 2013
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Yoko Maki, Machiko Ono, Masaharu Fukuyama, Lily Franky, Keita Ninomiya
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 693
Bande annonce (Allociné)

Critique

Président du jury du dernier festival de Cannes, Steven Spielberg eut le coup de cœur pour Tel père, tel fils, à tel point qu’il en acheta les droits et en aurait en tête un remake. Son enthousiasme pour cette histoire de deux familles que tout oppose, autant  dans leur situation sociale que dans leur manière de concevoir le bonheur, et qui se retrouvent liées par un terrible secret, est parfaitement justifié.

Ryo (Masaharu Fukuyama) est un architecte obsédé par son travail, qui navigue dans les très hautes sphères, et qui éprouve plus de fierté que d’amour pour son jeune fils Keita (Keita Ninomiya). Un jour, il apprend que lors de sa naissance son fils a été échangé avec un autre bébé; il rencontre la famille qui a élevé son enfant biologique, et rencontre des gens modestes, positifs et aimants. Avec bien sûr, le vœu de ré-échanger les enfants.

Tous les acteurs, adultes ou non, sont remarquables, et servent à merveille cette histoire intime, forte et touchante. L’acteur principal, qui est également une star de la musique au Japon, sert au mieux son personnage, qui est celui qui fait le plus long chemin intérieur. Les visages, très expressifs, sont filmés de près, afin de faire ressortir toute l’émotion ressentie par les personnages, ainsi que, principalement pour le personnage de Ryo, leurs faiblesses, voire leurs bassesses. Cette émotion, très bien portée par la mise en scène, atteint son point culminant dans les dernières minutes. Quelques petites maladresses l’empêchent d’atteindre ce paroxysme plus tôt. Il est dommage, par exemple, que trop de moments ne reposent que sur l’affrontement entre le pauvre qui a un trésor dans le cœur et le riche qui croit pouvoir tout acheter; dommage également que le statut social très opposé de ces deux familles débouche sur un discours un peu appuyé sur la lutte des classes. Cela dit, ce film est une belle réussite. Espérons que l’enthousiasme de Spielberg et surtout le Prix du Jury de Cannes permettront à Tel père, tel fils de bien s’exporter.

Philippe Thonney


Ce nouveau film de Kore-Eda (Nobody Knows, 2004; Still Walking, 2008; I Wish, 2012) aborde l’histoire tragique de deux bébés échangés dans une maternité. Six ans plus tard, lors d’un examen médical prouvant une incompatibilité sanguine,  deux familles se retrouvent confrontées à ce drame terrifiant. Deux mondes les opposent: d’un côté, un foyer modeste, sans prétention et sans grandes attentes de la vie, si ce n’est le partage, le rire et le bonheur d’être ensemble. De l’autre, une famille aisée, dont le père, architecte acharné au travail, est obnubilé par la réussite. Leur vision de l’éducation est diamétralement différente: le premier privilégie une vie basée sur le bon sens, la communication et le plaisir. Le second pense que le succès professionnel et la reconnaissance sociale sont les principaux atouts permettant l’aboutissement de l’existence.
Les personnages féminins sont intéressants. En effet, les deux mères ont des caractères très dissemblables mais, d’instinct, elles trouvent un terrain d’entente, pensant d’abord au bien des enfants avant leur propre intérêt.
A l’image d’Etienne Chatiliez dans La vie est un long fleuve tranquille (1987), le réalisateur japonais reprend la même thématique. Si un point commun les relie - les situations comiques sont provoquées par les réactions dues à la différence de classes sociales -, le film du japonais va plus loin dans la réflexion.  Avec douceur et subtilité, il aborde la problématique de la paternité. Tout en retenue, il démontre que la relation tissée par l’amour est plus riche et surtout plus forte au final que les liens de sang.
Ce film, pudique et intense, met en scène des personnages contradictoires mais dont la dignité émeut sans avoir besoin de tirer sur les grosses cordes du mélo.

Prix du Jury au Festival de Cannes 2013

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 16
Georges Blanc 14
Daniel Grivel 18
Nadia Roch 17
Anne-Béatrice Schwab 18