Carnage

Affiche Carnage
Réalisé par Roman Polanski
Pays de production France, Allemagne, Pologne, Espagne
Année 2011
Durée
Musique Alexandre Desplat
Genre Comédie dramatique
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Kate Winslet, Jodie Foster, John C. Reilly, Christoph Waltz, Elvis Polanski
Age légal 7 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 648
Bande annonce (Allociné)

Critique

En 2006, Yasmina Reza avait écrit une pièce de théâtre, Le Dieu du carnage, jouée avec succès à Paris, Rome, Londres et Broadway. En 2010, Roman Polanski, installé en Suisse pour les raisons que l’on sait, en tire une adaptation pour le cinéma. CARNAGE, avec son huis clos, sa critique sociale et son désabusement, s’inscrit dans la droite ligne des thèmes chers à l’auteur de REPULSION (1965) ou de LA JEUNE FILLE ET LA MORT (1995).

L’histoire tient en trois lignes: deux gamins de 11 ans se bagarrent à la sortie de l’école et l’un d’entre eux s’en revient à la maison avec deux dents cassées et des contusions au visage. Les parents de la victime – «middle class» américaine - invitent ceux du coupable – «high class» - à venir s’expliquer chez eux. D’abord relativement cordiaux, les échanges vont se transformer en un véritable pugilat verbal. Jusqu’où iront-ils tous les quatre? Le spectateur se pose constamment la question, tout en connaissant pertinemment (titre oblige…) la réponse: les choses ne vont pas s’arranger.

Penelope (Jodie Foster) et Michael (John C. Reilly) incarnent le couple agressé par fils interposé. Lui dirige une petite entreprise d’appareils sanitaires, elle écrit un livre sur la tragédie du Darfour et s’intéresse à l’art. Alan (Christoph Waltz), père de l’agresseur, est avocat d’affaires: l’oreille collée en permanence à son téléphone, il s’occupe d’une méchante affaire de médicaments d’une grande boîte pharmaceutique, tandis que sa femme Nancy (Kate Winslet) s’occupe de haute couture. CARNAGE se présente dès lors comme un combat verbal caustique, une discussion à quatre où tous les coups sont permis: jugements à l’emporte-pièce, sous-entendus vicieux, chamailleries, demi-sourires perfides, accusations gratuites, règlements de comptes à l’intérieur de chaque couple, insinuations fielleuses, injures et grossièretés à l’avenant. Ce qui devait déboucher sur un accord à l’amiable et apporter une conclusion à une petite altercation entre gamins devient, dans une dynamique de plus en plus débridée, une guerre ouverte et un jeu de massacre.

Dans ce huis clos théâtral, les dialogues, le jeu des acteurs, la tension dramatique occupent le devant de la scène. Et de façon magistrale: les textes sont mordants et font mouche, la prestation des comédiens est parfaite, les surprises s’enchaînent. Affleure par moments un humour cynique proprement dévastateur, entraînant le rire - vite étouffé d’ailleurs - du spectateur. Mais si le cinéma passe par là, il s’arrête aussi là: le dernier film de Roman Polanski est brillant, mais reste un morceau de bravoure, essentiellement théâtral, d’où se dégage une acidité corrosive et une image du monde proprement désespérante. Il n’y a pas d’espoir à chercher dans CARNAGE, quoi qu’en veuille dire (?) un happy end (?) en porte-à-faux (?)

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14
Georges Blanc 16
Daniel Grivel 16
Geneviève Praplan 18
Anne-Béatrice Schwab 18