Merci pour le chocolat

Affiche Merci pour le chocolat
Réalisé par ClauChabrol
Pays de production France, Suisse
Année 2000
Durée
Musique Matthieu Chabrol
Genre Drame, Policier
Distributeur MK2 Diffusion
Acteurs Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Anna Mouglalis, Brigitte Catillon, Michel Robin
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 402
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le tournage du 48e (!) film de Claude Chabrol a été du pain bénit pour les médias romands en général, lausannois en particulier. La présence de vedettes françaises, l'utilisation de la villa de David Bowie, le recrutement de figurants locaux (on repère ici et là, fugitivement, quelques visages connus), le foyer d'un cinéma transformé en galerie d'art, les visites du cinéaste, gastronome avéré, au meilleur restaurant du système solaire, l'enregistrement à la gare d'un clip reprenant une bonne vieille chanson de Mireille, tout cela fut une aubaine... Qu'en reste-t-il sur le grand écran?

Pour le scénario, Chabrol et Caroline Eliacheff se sont inspirés d'un roman de Charlotte Armstrong, auteur états-unien qui sait distiller l'angoisse. André Polonski (Jacques Dutronc, qui comme d'habitude se la joue à la paresseuse, mais c'est voulu, assommé qu'il est par un somnifère bien helvétique dont il ne peut se passer...), est un pianiste virtuose qui, veuf suite à un accident de voiture et père de Guillaume (Rodolphe Pauly, assez bon en adolescent attardé), convole, et donc se remarie avec Mika Muller (Isabelle Huppert, toujours capable de nous faire vibrer, même par la lecture d'un horaire ferroviaire), héritière et patronne d'une fabrique de chocolats - ce qui nous vaut la composition anecdotique d'un Michel Robin administrateur en costume trois pièces.

Une jeune pianiste qui prépare un concours international, Jeanne Pollet (Anna Mouglalis), apprend que, le jour de sa naissance, elle a failli être échangée à la maternité avec Guillaume. Intriguée par cet incident, elle s'introduit dans la famille Polonski et devient l'objet de la perversité de Mika, froide manipulatrice du destin des autres, puisqu'on apprendra qu'elle est à l'origine de la mort de la première femme d'André et qu'elle projetait d'autres suppressions.

Les spectateurs indigènes seront amusés par le fait que la route menant d'une villa sise près de Sauvabelin descend par la route - en sens interdit - du Pavement puis par la Corniche de Lavaux. Laissons cela sur le compte de la liberté créatrice, mais regrettons la facture trop classique (on croirait voir un film français des années 50), l'image léchée de Renato Berta (les images lacustres sont dignes d'un Bocion émasculé), le jeu pianistique bidon, l'asthénie du récit: quand Chabrol est en Suisse, il n'y a vraiment pas le feu au lac. L'effet du Rohypnol, souvent mentionné dans le film, est contagieux, et le spectateur finit par se retrouver chocolat...

Daniel Grivel