Etreintes brisées

Affiche Etreintes brisées
Réalisé par Pedro Almodovar
Pays de production Espagne
Année 2009
Durée
Musique Alberto Iglesias
Genre Drame
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Penélope Cruz, Lluis Homar, Blanca Portillo, José Luis Gómez, Rubén Ochandiano
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 591
Bande annonce (Allociné)

Critique

Trois ans après Volver, Pedro Almodovar revient à Cannes avec un (mélo)drame habilement construit mais laissant un peu le spectateur sur sa faim.

Le «héros» est un écrivain et réalisateur (Lluís Homar). Sous son nom de Mateo Blanco, il tournait des films mais, depuis qu’il a perdu la vue dans un accident, il ne vit plus que sous son pseudonyme d’auteur, Harry Caine. Sa cécité ne l’empêche pas de jouir des plaisirs de l’existence, l’écriture de scénarios lui procurant un revenu confortable.

Apprenant la mort d’Ernesto Martel (José Luis Gómez), puissant entrepreneur, l’aveugle est rattrapé par son passé, qui est évoqué par une succession de flash-back. Lena (Penélope Cruz, résurrection de la Sabrina d’Audrey Hepburn), alors secrétaire particulière de Martel, avait besoin d’argent pour essayer de sauver son père cancéreux, et se résout à épouser son patron qui lui assure une vie luxueuse. Comme elle rêvait de devenir actrice, elle obtient de son vieux mari la production d’un film qui sera mis en scène par Mateo Blanco. Comme dans tout bon roman-photo, un amour fou fait fusionner ces deux êtres passionnés, qui découvrent que le fils de Martel, au psychisme fragile, a été chargé de tourner le making of du film mais va beaucoup plus loin dans sa capture d’images. La romance s’engloutit progressivement dans un tourbillon de manipulations, de jeux de pouvoir, de fatalité, de vengeance, aboutissant à l’infirmité et à la mort.

Ici et là, Almodovar hésite entre tragédie et comédie, avec des clins d’œil à son univers familier (apparition désopilante de Rossy de Palma) et à son goût pour l’humour déjanté (le remontage par Harry Caine de son film massacré par Martel) - mais la causticité se dilue dans ce qui pourrait rappeler l’«univers impitoyable» de certaines séries télévisées. Les décors design, des paysages insolites et des choix artistiques raffinés tendent à égarer le spectateur; la perfection glacée de l’image émousse l’intensité des passions.

Une Palme d’Or pour Etreintes brisées ? La question est ouverte pour un film qui, à l’image des photos déchirées des amants, tente d’en rassembler les morceaux.


Daniel Grivel