Michael Clayton

Affiche Michael Clayton
Réalisé par Tony Gilroy
Pays de production U.S.A.
Année 2007
Durée
Musique James Newton Howard
Genre Thriller, Drame
Distributeur SND
Acteurs Tom Wilkinson, Sydney Pollack, George Clooney, Tilda Swinton, Michael O'Keefe
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 557
Bande annonce (Allociné)

Critique

Tony Gilroy explore, dans une première réalisation aussi sombre que sobre, les affres d’un homme confronté à ses limites personnelles et éthiques, lorsqu’il se voit confier un dossier judiciaire par trop compromettant.

Là où l’on s’attend à découvrir un film haletant, compte tenu du fait que le réalisateur est le scénariste de la trilogie Jason Bourne (dont le récent troisième volet LA VENGEANCE DANS LA PEAU), la surprise vient de ce qu’il s’agit ici d’un film d’atmosphères confinées où l’on parle relativement peu, et où, une fois n’est pas coutume, l’intime des personnages cède la place à leur intériorité.

Michael Clayton (George Clooney), ancien flic, travaille pour un des plus grands cabinets juridiques new-yorkais. Sa tâche, c’est de sauver les clients dudit cabinet des pires situations, quitte à prendre quelque liberté avec la justice ou l’intégrité; n’étant pas avocat, il ne plaide jamais, ce qui ne l’empêche pas d’apparaître comme un membre essentiel de cette hydre à laquelle il appartient et dont l’appétit financier est illimité. Un grain de sable perturbe l’existence de cet homme (de l’ombre) le jour où son ami Arthur Edens (Tom Wilkinson) se fait retirer une affaire importante, suite à un dérapage de comportement qui a failli conduire à son internement psychiatrique. Le patron du cabinet (Sydney Pollack) demande alors à Clayton de reprendre ce dossier, plus explosif qu’il ne l’imaginait, où il s’agit de défendre une firme agro-alimentaire qui fait l’objet d’une «class action» lancée par des agriculteurs victimes de ses engrais toxiques. Dès lors, tout bascule.

Construit sur un long flash-back, le film permet de comprendre en profondeur ce qui se passe dans la tête de Clayton, quels sont les éléments qui le déchirent, la passion du jeu dont il dépend, les questions qui le hantent, les colères et les rancœurs qui lui pourrissent la vie. Jusqu’à la perte de son vieil ami, cet homme ne s’est pas embarrassé de convictions éthiques pour prendre des décisions, et cela afin de satisfaire son employeur qui financièrement le lui rend bien, alors même qu’il méprise ce «rouage» n’appartenant pas à la caste des avocats. Le lien d’amitié rompu ouvre donc une brèche que le cinéaste rend palpable par le jeu intense de George Clooney seul face à lui-même ou confronté à Tom Wilkinson, Sydney Pollack ou Tilda Swinton, ici dans un rôle de mygale mortifère. Ces face-à-face révèlent avec grande efficacité combien, aux yeux des puissants avocats, les autres, dont Clayton lui-même, ne sont que des pions.

Beaucoup plus intimiste que ERIN BROKOVICH (avec Julia Roberts), ce film se passe dans un milieu d’avocats d’affaires, mais ne montre aucune plaidoirie en tribunal. Il se joue en quelque sorte sur deux scènes, extérieure et intérieure. La première, politique, permet à George Clooney de poursuivre son engagement marqué par GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK. ou SYRIANA. La seconde, intérieure, atteste que le véritable procès en jeu est d’abord celui d’un homme avec lui-même. D’ailleurs, dans une scène-clé, sans parole mais où le débat intérieur du personnage est assourdissant, Clayton brûle tout ce qui se rapporte à son identité, comme pour mieux souligner son retournement, pour ne pas dire sa conversion.

Serge Molla