Avocat de la terreur (L')

A partir d'un montage linéaire de remarquables archives mêlées d'entretiens croisés (parfois in situ) avec tel ou tel protagoniste, le cinéaste français tire un portrait sans complaisance de l'avocat des causes perdues, Jacques Vergès. Le documentaire s'intéresse au personnage alors qu'il termine ses études et que tout commence pour lui en Algérie. C'est là qu'il découvre la colère chronique qui l'habite, développe et canalisera. Elle le conduira d'ailleurs à mettre au point sa stratégie de "défense de rupture", consistant devant une cour à élargir considérablement le point de vue jusqu'à révéler bien des questions gênantes et parfois des enjeux insoupçonnés tout en défendant des militants que d'aucuns jugent terroristes.

Mais pourquoi, après une disparition totale de la scène (et de la France?) et un silence de huit ans (1970-1978), Vergès semble-t-il défendre qui que ce soit et ne plus défendre d'abord une cause qui lui tient à cœur? Le mystère demeure total, alors que les deux heures quinze auront réveillé bien des souvenirs, tant l'avocat a défendu des prévenus liés à quelques pages dramatiques du XXe siècle (la guerre d'Algérie et Djamila Bouhired, la shoah et Barbie, les terroristes Magdalena Kopp, Anis Naccache, Carlos, sans parler, récemment, de Sadam Hussein dont ne parle pas le film). Passionnant.