Il manque une étoile

Affiche Il manque une étoile
Réalisé par Gianni Amelio
Pays de production Italie, Suisse, France
Année 2006
Durée
Musique Franco Piersanti
Genre Drame
Distributeur Magrytte Films International
Acteurs Sergio Castellitto, Ling Tai, Angelo Costabile, Hiu Sun Ha, Catherine Sng
N° cinéfeuilles 539
Bande annonce (Allociné)

Critique

De nos jours, dans une ville industrielle du nord de l'Italie. Au grand dam des ouvriers et de la population, une importante usine métallurgique - évoquée par de fulgurantes images d'étincelles et d'acier en fusion - va fermer ses portes, et l'un de ses hauts-fourneaux vendu à une entreprise chinoise. Errant dans le vaste vaisseau en perdition, le bien nommé Vincenzo Buonavoluntà (Sergio Castellitto) fait la connaissance des acheteurs en train de banqueter dans la villa directoriale. Par le truchement d'une jeune interprète, Liu Hua (Tai Ling), il essaie de faire comprendre aux Chinois qu'une pièce de l'équipement en partance pour l'Extrême-Orient n'est pas fiable, et humilie la jeune femme en lui empruntant son dictionnaire pour s'adresser directement à l'ingénieur en chef.

En désespoir de cause, Vincenzo, tenaillé par sa conscience professionnelle, décide de se rendre sur place afin de remédier à la situation et d'empêcher une éventuelle catastrophe. Le hasard veut qu'il tombe sur Liu, devenue simple bibliothécaire à cause de sa défaillance professionnelle mais qui, surmontant sa rancune, accepte de lui servir de guide.

Commence alors pour l'Italien une odyssée à travers la Chine profonde, bien en deçà des clichés touristiques et néolibéraux. La rencontre entre l'Occidental dont les parents étaient peut-être encore paysans et les culs-terreux de l'Empire du Milieu se fait à la bonne franquette, entre gens de bonne volonté, c'est bien le cas de le dire. Curiosité amicale, intérêt fraternel: Amelio brosse une fresque empreinte de valeurs universelles. Il faut dire que le regard du réalisateur calabrais se porte plus volontiers sur l'humain que sur le technique (voir notamment LES ENFANTS VOLES, LES CLEFS DE LA MAISON, LAMERICA). Le choix des comédiens confirme son propos: Castellitto, dans son rôle d'homme simple paumé dans un pays étrange(r) par excellence, n'a rien du jeune premier latin et romantique; Tai Ling, sans avoir l'éclat d'une Gong Li, touche par son naturel et son humilité.

En cuisine, les Chinois goûtent le salé-sucré. Le maître-queux Amelio propose un plat doux-amer qui ne laisse pas indifférent, assaisonné de sourires et de larmes.

Daniel Grivel