De l'amour

Une banlieue et sa zone pavillonnaire. Maria (Virginie Ledoyen) a 20 ans et son stage dans une usine ne lui dit rien. Elle est insouciante, capricieuse et prend la vie à pleines dents. Linda, son amie et confidente, qui a quelques années de plus, partage ses joies et ses peines, mais cher­che aussi à la raisonner. Karim, 30 ans, son petit ami un peu rustre, travaille aussi en usine. Il aime bien Maria, sans le lui dire clairement. Manu, dragueur invétéré, habile et attachant «en pince» pour Linda. Il y a encore Bouboule, un pote du quartier, qui tient à son chien plus qu’à toute autre chose.

Tout va basculer quand Maria vole de la lingerie dans un supermarché et qu’elle ne veut pas l’avouer. Arrêtée, elle va vivre 24 heures de garde à vue dans un commissariat. Elle en sera marquée à tout jamais. Quelque chose s’est brisé non seu­lement en elle, mais chez tous ceux qui l’entourent. A sa façon elle va se battre pour… «de l’amour» et elle n’est pas seule…

Le troisième film de Jean-François Richet (Etat des lieux, 1995; MA 6-T va crack-er, 1997) est attachant et nous touche profondément par la qualité des personnages, leur vécu, leur évolution, la coexistence de gens d’origines différentes. Le travail répétitif en usine est bien montré, non sans humour et humanité. Les parents de Maria et Linda sont sympathiques et bien dans leurs rôles. Quant au commissariat, il est conforme à l’image type. Une seule réserve: le personnage d’un policier bête, violent, raciste et macho. On comprend bien que c’est un pauvre type, mais c’est dommage qu’il soit aussi caricatural et sadique. Son attitude effraye et dérange.

Ce qui nous touche particulièrement dans ce film, c’est l’évolution de Maria qui, à 20 ans, prend soudain conscience, à partir d’un événement relativement banal, de la vie et de ses difficultés. Dès lors, elle va se prendre en charge et découvrir la vraie valeur de ses amis, ainsi qu’un véritable amour avec Karim.

Cette histoire très actuelle sonne juste. L’attitude des personnages - toujours dignes, même s’ils sont confrontés à des événements traumatisants - donne une note pleine d’espoir. Pour une fois l’atmosphère de la banlieue n’est ni sordide, ni violente, même si drogue et conflits sont toujours là. Le travail répétitif que l’on subit à l’usine n’empêche pas que l’on puisse trouver des satisfactions dans la vie de tous les jours.

Le film est bien servi par des acteurs qui jouent juste et les dialogues sont excellents. Le cinéma français nous réserve heureusement, de temps en temps, de bonnes surprises.