Sami - Une chronique lapone

Affiche Sami - Une chronique lapone
Réalisé par Amanda Kernell
Titre original Sami - A Tale from the North
Pays de production Suède, Norvège, Danemark
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Xenix
Acteurs Lene Cecilia Sparrok Maj Doris Rimpi, Hanna Alström, Anders Berg
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 782

Critique

Lourd de silences, de gênes, la tension de ce moment réside dans le non-dit, dans la scission qui s'opère chez Christina - et qui s'exprime par un regard fuyant, incertain - entre la honte de ses origines samis et l'inconvenance de sa conduite si elle se refusait à chanter.

Christina, femme d'un certain âge, est contrainte de se rendre dans son village d'origine, en Sápmi (plus communément appelé la Laponie), afin d'assister à un enterrement. Ce retour initie un voyage dans le temps, qui remonte aux années 30, alors qu'elle s'appelait encore Elle Marja (interprétée avec une justesse étonnante par Lene Cecilia Sparrok) et qu'elle entrait tout juste dans l'adolescence.

Sami - Une chronique lapone, premier long métrage de la Suédoise Amanda Kernell, capture par une image glaciale, rigide, la stigmatisation et la discrimination infligées aux Samis par les Suédois. L'atmosphère dans lequel baigne la jeune Elle Marja n'est pas sans rappeler les films de Michael Haneke (Le Ruban blanc, par exemple) mais, heureusement, la protagoniste échappe au traitement des personnages proprement hanekien. Contrairement à ceux-ci, Elle Marja est pleine de vie, lumineuse, a l'esprit combatif, le regard décidé: elle est remplie d'espoir. En proie à des violences aussi bien institutionnelles que personnelles, elle se décide à nier ses origines, à changer de prénom et à partir pour Uppsala, afin de poursuivre des études supérieures.

Sans adopter une posture moralisatrice quant aux choix de la protagoniste, le film condamne par contre, dans des séquences saisissantes, la discrimination qu'elle subit. Bête de foire, aussi bien pour le médecin, mesurant chacune des parties de son visage et lui demandant de se déshabiller publiquement, que pour de jeunes étudiantes en anthropologie (à Uppsala), qui l'humilient involontairement en l'invitant à chanter un joik, musique traditionnelle de sa région. Lourd de silences, de gênes, la tension de ce moment réside dans le non-dit, dans la scission qui s'opère chez Christina - et qui s'exprime par un regard fuyant, incertain - entre la honte de ses origines samis et l'inconvenance de sa conduite si elle se refusait à chanter.

De manière générale, Amanda Kernell exploite le caractère non verbal de la communication et adopte pour ce faire un rythme plutôt lent avec une durée et une fixité des plans. On s'arrête sur la beauté de gestes simples, tels qu'une caresse incertaine de la main, une crispation de doigts qu'un malaise exprime… Le pouvoir suggestif crée alors des instants de grâce et donne au film sa force poétique.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 18
Georges Blanc 15