A l’ouest du Jourdain

Affiche A l’ouest du Jourdain
Réalisé par Amos Gitaï
Pays de production Israël, France
Année 2017
Durée
Musique Amit Poznansky
Genre Documentaire
Distributeur Adok films
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 778
Bande annonce (Allociné)

Critique

Circulant en Cisjordanie, Amos Gitaï revient sur le conflit entre Israéliens et Palestiniens en exprimant un profond désir de paix et de réconciliation…

Le cinéaste remonte en 1994 - il est alors âgé de 35 ans - lorsqu’il s’entretient avec Yitzhak Rabin au sujet du processus de paix. Selon Amos Gitaï, le premier ministre de l’Etat d’Israël était un dirigeant sincère, ouvert au dialogue, «un homme avec une certaine simplicité, même si vous n’étiez pas d’accord avec lui, il était la seule personnalité israélienne à dire la vérité, il était rare…» Aujourd’hui, 22 ans après la mort du politicien, assassiné par un juif extrémiste, la situation ne s’est pas débloquée.

Le réalisateur, à travers son film, veut porter un message optimiste: même si le propos est orienté vers un discours antigouvernemental, il laisse la possibilité aux convaincus, défendant la politique de l’Etat dans les zones occupées, de s’exprimer. A travers les différentes rencontres et interviews, il offre la parole aux citoyens des deux côtés: ces derniers peuvent échanger sur les conditions de vie et les conséquences tragiques d’une telle situation. Le groupe «The Parents Circle», un groupe de soutien pour les mères israéliennes et palestiniennes, ayant perdu leur fils dans le conflit, permet à ces femmes de se réunir et de partager leur deuil et leur souffrance. Au fil de l’histoire, le spectateur va à la rencontre de différents protagonistes - que ce soit des hommes politiques, des personnalités, des journalistes ou de «simples» habitants - pour écouter leur ressenti, découvrir leur regard et leur analyse sur cette dure réalité. Certains sont tolérants, d’autres révoltés ou encore fatalistes comme le rédacteur en chef du journal local: «Si Israël continue à soutenir les colonies juives en Cisjordanie et à Gaza, le risque est de franchir le point de non-retour et de disparaître…»

Malgré l’effort louable du cinéaste pour apporter un message positif, la culture de la vengeance et du martyre reste tout de même bien profonde. Il en ressort toutefois de manière très prenante que dans une guerre, tout le monde souffre : même s’il y a un perdant et un gagnant, que veut dire le mot gagner?

Ce film offre une piste de réflexion à ceux qui connaissent bien la situation: il ne propose pas de clarifier le conflit ni de le contextualiser, parti pris qui ne facilite pas la compréhension du « simple humain» non familier à ce problème. Mais Amos Gitaï conclut lors d’un entretien: «… Le film est un hommage au courage civique de personnes qui se sentent déçues, comme moi, de l’absence d’initiatives politiques pour parvenir à une réconciliation. C’est pourquoi nous sommes contraints d’agir à titre personnel. C’est le côté optimiste du film. Nous voyons toute une série de personnes aux parcours différents qui agissent chacune à leur niveau. On compte encore quelques citoyens qui sont sensibles aux droits de l’homme et qui aiment leur pays. Les femmes qui militent dans ces associations de défense des droits de l’homme sont très présentes et très actives. C’est souvent elles qui portent le poids de cette responsabilité au quotidien.»

A l’ouest du Jourdain est avant tout un ensemble de reportages sincères et maîtrisés, animé par la volonté de montrer qu’un dialogue est encore possible. Par son approche sobre et sincère, le cinéaste tend son micro à une population souvent ignorée des médias, offrant ainsi un récit d’une authenticité bouleversante.

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 17
Adèle Morerod 14
Serge Molla 12