Nothingwood

Affiche Nothingwood
Réalisé par Sonia Kronlund
Pays de production Afghanistan, France
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Salim Shaheen
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
Bande annonce (Allociné)

Critique

Productrice à France Culture et réalisatrice à la TV, Sonia Kronlund esquisse avec Nothingwood un portrait à la fois drôle et inquiétant, celui du réalisateur afghan Salim Shaheen, acteur, cinéaste et producteur le plus populaire dans son pays. Rien n’arrête la caméra de cet homme qui en est à sa 111e réalisation. Avec lui on fait la connaissance de comédiens excentriques qui sont les vedettes des films de «série Z» qu’il enchaîne tout au long de l’année, dans un pays en guerre depuis trente ans. On découvre toute cette équipe à une centaine de km. de Kaboul, en plein tournage dans des terrains vagues, au beau milieu de la campagne ou aux alentours de sites culturels classés.

On aurait envie de rire de ce cinéaste parfois maladroit et imbu de lui-même et de son art, mais on doit lui reconnaître une certaine énergie et une grande foi dans ce qu’il fait. Avec peu d’argent (un budget de 10’000 dollars par film au max.), il tourne avec les moyens du bord et le succès suit.  Même les Talibans prennent plaisir, en cachette, à visionner ses bandes… La caméra de Sonia Kronlund accompagne partout Salim Shaheen qui expose ses théories et ses méthodes de travail. Se greffent dans ce documentaire quelques scènes tirées de plusieurs de ses films qu’il profite d’ailleurs de projeter aux habitants rencontrés sur les lieux où il travaille. Ce sont essentiellement des films d’action, de kung-fu, des polars mâtinés de danses et de chansons, un peu comme à Bollywood (sa maison de production, Salim Shaheen l’a d’ailleurs appelée «Nothingwood»).

«Le cinéma ou la mort» scande le cinéaste, et ce n’est pas une phrase jetée en l’air: lors du tournage d’un de ses films l’équipe a été la cible de roquettes et plusieurs de ses amis sont morts. Le documentaire côtoie alors brièvement le tragique, mais on retombe trop vite dans la rigolade, le rocambolesque et la volonté de surprendre.

On aurait souhaité un peu plus de profondeur, un regard mieux porté sur la difficulté de réaliser un film dans un pays instable, dans une société souvent asservie. Seul le problème de la condition des femmes afghanes est abordé par le biais de l’existence d’un acteur chargé d’endosser les rôles féminins des films. Mais les gesticulations de Salim Shaheen reprennent vite le dessus et finissent par étouffer toute réflexion d’ordre social ou artistique, par gommer tout ce qui pourrait nous rappeler les problèmes qui se posent à tout pays traumatisé. Nothingwood n’en parle pas, le film n’a guère d’impact et ne réussit pas à trouver de véritable centre d’intérêt.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 13