Enfance d’un chef (L')

Affiche Enfance d’un chef (L')
Réalisé par Brady Corbet
Titre original Childhood of a Leader
Pays de production U.S.A.
Année 2015
Durée
Genre Drame
Distributeur Bellevaux.
Acteurs Bérénice Bejo, Liam Cunningham, Robert Pattinson, Stacy Martin, Michael Epp (II)
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 774

Critique

Premier long métrage (en tant que réalisateur) de l’acteur américain Brady Corbet, L’Enfance d’un Chef n’est pas un film comme les autres.

Le sujet d’abord : de quelle manière peut-on fabriquer un chef - et par «chef» il faut entendre un tyran ou un dictateur -, et quelles sont les modalités éducatives à mettre en œuvre? La forme ensuite, parce que cette «histoire» nous est racontée d’une façon pour le moins inhabituelle sinon déconcertante.

Un prologue musical bruyant ouvre les feux : on voit des images (d’archives) de la guerre de 1914-18, puis une foule qui acclame le président américain Wilson. On se retrouve ensuite dans la sphère privée d’une famille mi-américaine mi-européenne revenue sur le Vieux Continent à l’occasion de l’élaboration du Traité de Versailles (1919): proche du susdit président des Etats-Unis, le père (Liam Cunningham) fait partie de la délégation étasunienne qui participe aux tractations entre l’Allemagne et les Alliés. Son épouse (Bérénice Bejo) tente de son côté de donner à Prescott (Tom Sweet), leur petit garçon, une éducation selon les pratiques de l’époque, c’est-à-dire celles des familles d’un rang social élevé qui imposaient à leurs rejetons une discipline sévère, laissant les préceptrices et les bonnes manifester quelques signes d’affection…Prescott a l’air sympathique, mais il montrera très vite les signes retors d’une forte tête et, finalement, d’un vilain petit garnement.
L’Enfance d’un chef est adapté d’une nouvelle de Jean-Paul Sartre, publiée en 1939, qui narre les aventures psychologiquement complexes d’un jeune garçon qui se découvre une âme de tyran. Le film reprend librement cette trame, dans un contexte historique, dramatique et volontiers psychanalytique aussi. Un soin particulier a été apporté aux costumes et aux décors des appartements de l’époque, la mise en scène se veut surprenante et brillante, cherchant souvent à créer un climat d’angoisse soutenu par une musique envahissante (de Scott Walker).

Tout cela est inattendu et le spectateur doit user de sa sagacité et de son intuition personnelles pour ne pas s’égarer dans toutes les pistes offertes : dans 4e et dernier chapitre (intitulé «Prescott le Bâtard») il semble que - la remarque n’engage que le signataire de ces lignes - le cinéaste ait fait de son petit leader une figure du totalitarisme du XXe siècle : on le retrouve en effet, trente ans plus tard, dans le contexte d’une foule en délire acclamant un dictateur soviético-nazi… Voilà un film sans conteste original, ésotérique parfois, qui s’amuse à faire fi des règles habituelles, avec un résultat inégal peut-être, mais un film exigeant et stimulant.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 14