Eclipse du bonheur (L')

Avec L'Eclipse du bonheur, adapté du roman éponyme de Lukas Hartman, le réalisateur zürichois signe une œuvre sensible sur les rapports entre thérapeute et patient. Parti observer une éclipse lunaire en Alsace, l'ensemble de la famille de Yves (Noé Ricklin) décède suite à un accident de voiture. Seul rescapé, l'orphelin conduit à l'hôpital reste muet quant à cet évènement. Avec son visage doux, son regard intelligent mais absent, Noé Ricklin,  incarne à merveille cet enfant confronté trop tôt aux drames de la vie. Le récit repose sur sa lente résurrection dans laquelle sa thérapeute, Eliane Hess (Eleni Haupt), prise d'une vive affection à son égard, s'implique bien au-delà du cadre strictement professionnel. Figure christique, Yves en faisant irruption dans son quotidien ébranle les rapports fragiles qu'elle entretient avec son ex-mari (Martin Hug) et ses deux filles, l'une adolescente rebelle (Chiara Carla Bär), l'autre réservée et discrète (Elisa Plüss).

Chacun des personnages cristallise une part conséquente de souffrance qu'il enferme dans un mutisme. La magnifique séquence d'ouverture nous immerge, par l'image et la musique, dans des tableaux d'autel, avant que la caméra ne recule, nous montrant l'une des peintures suspendue dans le bureau d'Eliane qui lui fait dos. En toile de fond se dessine alors une crise des valeurs, manifeste dans les rapports amoureux. Seul un véritable acte de foi permettra à Eliane d'y croire encore.

De qualité assez inégale, L'Eclipse du bonheur nous saisit durant sa première moitié en laissant aux protagonistes leur part de mystère. Centrée sur la thérapie de chacun, la seconde partie insiste maladroitement sur l'identification de ces maux. On se lasse alors devant la répétition des scènes où le chérubin tente de revivre l'accident pour mieux s'en défaire.