Procès du siècle (Le)

Affiche Procès du siècle (Le)
Réalisé par Mick Jackson
Titre original Denial
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 2016
Durée
Musique Howard Shore
Genre Drame, Judiciaire, Biopic
Distributeur filmcoopi
Acteurs Rachel Weisz, Tom Wilkinson, Timothy Spall, Andrew Scott, Jack Lowden
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 767
Bande annonce (Allociné)

Critique

Dans monde où le politiquement incorrect est en train de devenir roi, il paraît plus important que jamais de s’interroger sur la force des discours. Le Procès du siècle s’y attache, quand bien même la situation dont il traite date de quelques années. Le film retrace en effet le procès qui opposa l’historienne judéo-américaine Deborah Lipstadtà David Irving, négationniste connu des années 1980-1990. Accusée en 1994 de diffamation, Lipstadt se retrouve à devoir défendre l’existence même de l’Holocauste. Entourée par un solide groupe d’avocats, elle s’engage dans un combat qui durera six ans.

Comment établir une vérité ? Sans chercher forcément à apporter une réponse définitive, le film a le mérite de pointer du doigt certains mécanismes dangereux propres aux discours. A travers le personnage vibrant de Deborah Lipstadt (Rachel Weisz, décidément magistrale) et sa confrontation à une équipe plus concernée par l’efficacité que le sentiment, c’est tout l’écart entre l’affect et les faits qui est interrogé. Trop de vérités sont établies en en appelant directement aux sentiments des gens. Sans rejeter l’importance du ressenti, le film montre qu’il ne suffit pas à démontrer une réalité, et le fait notamment en évitant les scènes de grands discours passionnés, typiques des films à procès. Une prise de conscience que le personnage féminin vivra plus ou moins facilement.

D’ailleurs, ce ne sont pas tant les étapes juridiques qui sont décortiquées ici mais bien plutôt le travail patient de l’historien. Ainsi, vidéos, caméras, papiers, omniprésents à l’écran, témoignent d’une obsession de la trace, irrémédiablement absentepour la Shoah. Toutefois, en éclairant la mise en réseau de tous ces éléments pour produire un discours « vrai », le film offre une leçon encore plus essentielle : entre mémoire et preuves, entre ressenti et réflexion, la vérité s’établit à plusieurs. Ceux qui font l’économie de la voix d’autrui ne peuvent que se perdre, quand bien même il y aurait toujours des gens pour les écouter. A ceux qui regretteraient le manque d’action, Le Procès du siècle rappellequela réalité est rarement spectaculaire. Elle est tristement banale car humaine.

Adèle Morerod