Raving Iran

Affiche Raving Iran
Réalisé par Suzanne Regina Meures
Pays de production Suisse
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur inconnu
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 763

Critique

Filmé presque totalement en caméra cachée (avec de nombreux visages floutés), ce documentaire ne manquerait pas de comique, s’il ne reflétait une réalité douloureuse pour ne pas dire plus, vécue au quotidien par le peuple iranien. Sans aucune explication sur le contexte politique actuel, on suit deux DJs dans le milieu underground de la techno à Téhéran, Arash et Anoosh, qui, sans perspectives d’avenir et fatigués de l’éternel jeu de cache-cache  avec les autorités auxquels ils sont contraints, tentent d’organiser dans des conditions dangereuses, nécessitant au passage quelques pots-de-vin, une dernière rave frénétique en plein désert. De retour à Téhéran, ils essaient de diffuser sans autorisation – ils n’ont aucune chance de la leur voir accordée –  leur album de musique illégal, ce qui permet de découvrir les arcanes (ubuesques) du système. Font-ils exprès ou sont-ils naïfs au point de penser que le nom de leur duo, Blade & Bears (rasoir et barbes), pourrait faire sourire les responsables de la censure, tout comme la pochette en forme de visage de leur CD, qu’il est presque impossible de faire imprimer ? Aussi, lorsqu’Anoosh est arrêté dans une party, leur dernière lueur d’espoir s’éteint. Mais voilà qu’ils reçoivent, de Zurich, un appel de la Rote Fabrik, la plus grande party techno du monde, et qu’ils réussissent, contre toute attente, à obtenir un visa.

L’euphorie ressentie en Helvétie est de courte durée, lorsqu’ils prennent conscience de la gravité de leur situation. Conscients de n’avoir pas trouvé l’Eldorado,  les deux amis déposent néanmoins une demande d’asile qu’ils obtiendront, mais qui les coupe(ra) définitivement (?) de leurs relations et de leurs familles. C’est ainsi que deux DJs, une réalisatrice courageuse et son équipe rappellent sobrement, mais avec efficacité, combien l’expression culturelle, quelle qu’elle soit, représente toujours une menace pour un régime totalitaire déterminé à contrôler et imposer valeurs et normes à sa population. Lui offrir  un espace, fût-il volé, n’en est que plus important, tant  liberté d’expression et de penser font partie des droits inaliénables de tout être humain.

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Serge Molla 13
Anne-Béatrice Schwab 13