Olivier (L')

Affiche Olivier (L')
Réalisé par Icíar Bollaín
Titre original El Olivo
Pays de production Espagne, Allemagne
Année 2015
Durée
Musique Pascal Gaigne
Genre Drame, Comédie dramatique
Distributeur filmcoopi
Acteurs Anna Castillo, Javier Gutiérrez, Pep Ambrós, Manuel Cucala, Miguel Ángel Aladren
Bande annonce (Allociné)

Critique

A travers son nouveau film, la réalisatrice espagnole dénonce un caprice de riches: déraciner des oliviers millénaires pour en décorer leur villa de luxe… «C’est la métaphore d’une époque où l’on spolie la nature en la transformant, en la bétonnant, dans une logique à court-terme qui conduit à des désastres humains et écologiques.»
Pour autant, cette triste sottise n’est que le sujet indirect du film qui se centre plutôt sur une famille espagnole, bousculée par la crise économique. Le personnage principal en est Alma (Anna Castillo), 20 ans, qui voue à son grand-père une profonde affection. Or celui-ci ne parle plus, ne regarde plus que le vide, depuis que ses fils ont déraciné et vendu le plus vieil olivier de sa plantation. Comment l’empêcher de mourir, sinon en retrouvant l’arbre et en le ramenant au pays?

L’entreprise, gigantesque et invraisemblable, est un prétexte pour décrire une région que la crise a gravement minée, une famille que les pertes financières ont rendue aveugle. A 20 ans, on s’étourdit dangereusement, comme le fait Alma lorsqu’elle a terminé son travail ingrat dans une industrie de poulets. Un pari aussi insensé que celui de retrouver l’olivier millénaire concrétise le besoin de donner un vrai sens à une vie sans grand espoir.

Parce que pensé comme une fable, le film accentue les contrastes. Pour autant, l’extravagance du projet d’Alma ne gâte en rien la tension du film dont la richesse est justement ce que va révéler cette folle équipée. Car l’enjeu se situe moins dans la réussite du projet que dans l’évolution des personnages. Au fur et à mesure que grandit l’inquiétude, les soucis réveillent toutes sortes de sentiments et de regrets que la survie quotidienne avait figés.

L’aventure révèle aussi la solidarité qui s’affirme par l’intermédiaire des réseaux informatiques et la place qu’y occupe tant le souci écologique que le rejet de la corruption. C’est le portrait d’une grande partie de la jeunesse contemporaine, symbolisée par Alma, que brosse Icíar Bollaín. Et puis, il y a la famille, ses mensonges choisis pour huiler la proximité des relations, ses ratages.

Si le portrait psychologique est fort, il ne manque pas de nuances. L’image d’une terre assoiffée contribue à l’empathie. L’olivier est un film sur la confiance; une fois celle-ci accordée - ou retrouvée - les cartes du futur pourront être redistribuées.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15