Au-delà des montagnes

Affiche Au-delà des montagnes
Réalisé par Jia Zhang-ke
Titre original Mountains May Depart
Pays de production Chine, France, Japon
Année 2014
Durée
Musique Yoshihiro Hanno
Genre Drame, Romance
Distributeur filmcoopi
Acteurs Zhao Tao, Zhang Yi, Jing Dong Liang, Sylvia Chang, Dong Zijian
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 740
Bande annonce (Allociné)

Critique

Jia Zhang-ke nous offre une œuvre ambitieuse, s’étendant sur plus d’un quart de siècle. Tout commence en 1999, alors qu’un triangle amoureux s’instaure entre la jeune Tao (Zhao Tao) et ses deux amis d’enfance, Liangzi (Liang Jing Dong) et Jinsheng (Zhang Yi). Le choix qu’elle finit par faire façonne évidemment sa vie en profondeur. Un saut de quinze ans en avant nous fait voir quels chemins ont empruntés nos personnages, suivi par une troisième partie, située en 2025.

Ce n’est pas tant l’idée du destin que le réalisateur explore ici mais bien plutôt les effets du temps sur les êtres.Si la vie est sans aucun doute faite d’échos, de cycles, de répétitions – exprimés ici visuellement au travers de divers motifs, des explosions des glaces du fleuve à la chanson préférée de Tao – elle n’empêche pas les ruptures, les éloignements sans retour. Jia Zhang-ke explore magnifiquement ces thèmes dans les deux premières périodes, laissant percer à travers la simplicité du quotidien une grandeur tragique des âmes et des sentiments. Les plans se déploient comme autant d’instants, au sein desquels les personnages se meuvent, contraints toutefois par un cadrage précis, propre à chaque époque.

Malheureusement, le film se perd dans sa troisième partie, qui prend place dans un futur pas trop lointain mais quelque peu artificiel. Est-ce la description peu convaincante, la musique soudain omniprésente ou le fait que l’on a alors abandonné deux des personnages principaux ? En tout cas cette dernière époque se présente comme un ajout inutile, vide de la tension et de la profondeur qui caractérisaient les deux premières. Seule la toute fin, dans un saut géographique inattendu, noue la gorge, nous laissant avec la conscience avivée que l’on n’échappe pas au temps et que le passé ne subsiste que dans les mémoires, malgré les gestes dérisoires (mais beaux) que l’on effectue pour le ranimer.

Adèle Morerod


Chine, fin 1999, Tao (Zhao Tao)  est courtisée par deux hommes, Zang, un mineur,  et un arriviste, Lianzi, propriétaire d’une station-service ; c’est avec lui qu’elle lie son destin. 15 ans plus tard,  Tao vient foncièrement en aide à Zang, très atteint dans sa santé ; elle a alors divorcé et son enfant, Dollar, est avec son père. 2025, Lianzi, devenu Peter,  a émigré en Australie, brasse beaucoup d’argent, alors que Dollar peine à trouver son identité et sa voie. Pour traiter de la relation au temps qui passe, de ses personnages, mais également du développement économique de la Chine et des modes de vie bouleversés,  Zhang-ke a opté pour un cadre d’images différent pour chacun des périodes, usant d’un format de plus en plus grand. Aussi la première époque voit ses couleurs surannées et  les acteurs donner l’impression se surjouer ; dans la deuxième, cette impression s’estompe, alors que dans la troisième partie, c’est la langue parlée qui trahit le plus  le changement au sens où l’anglais prédomine, notamment à travers un Dollar devenu adulte, incapable désormais de comprendre son père et contraint de prendre des cours de chinois avec une femme qui devient sa mère de substitution. Fil rouge de cette fresque – hormis tao et les siens –, deux chansons populaires dans les années 90 et révélatrices  de la société, conduisant Dollar à voir quelques souvenirs enfouis remontés à sa mémoire. Ainsi, la boucle est bouclée pour cette réalisation, soignée et fort subtile dans sa construction, qui en dit long sur la Chine d'aujourd'hui.

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Adèle Morerod 14
Serge Molla 16
Nadia Roch 10
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 13