L'édito de Serge Molla - No comment

Le 24 août 2011

On connaît la chanson... Lorsqu’une personnalité sort d’une conférence, d’un procès, d’une séance de gouvernement, que sais-je encore, elle se retranche derrière cette formule pour ne rien avoir à dire. Cela peut grandement irriter les journalistes qui voudraient toujours en savoir plus «d’une source autorisée» - mais d’aucuns feraient parfois bien d’observer de Conrart le silence prudent: suivez mon regard...

Festival de Cannes 2009: Radu Mihaileanu, président du Jury œcuménique, improvise (?) au débotté une boutade maladroite, proposant une «anti-Palme» pour ANTICHRIST de Lars von Trier. Tollé, orage, menaces... et péché apparemment pardonné, le directeur du festival ayant tenu des propos bienveillants lors de la remise du Prix œcuménique de cette année.

Festival de Cannes 2011: lors de la conférence de presse suivant la projection de MELANCHOLIA, Lars von Trier, dans un .état second (?), laisse échapper des propos pour le moins déplacés sur les nazis et les juifs. Réprimande officielle, rétractation ou du moins excuses, mais la mayonnaise est montée car l’incident s’est produit en plein milieu du festival, apportant d’autres épices dans la DSKasserole...

Festival de Locarno 2011: le président du Jury, sans avoir sondé ses collègues et trahissant le secret des délibérations, se fend d’une philippique contre un film en compétition, VOL SPECIAL, et son réalisateur, Et comme le Tessin est plus proche de nous, la règle des morts/kilomètres se vérifie, et un grand quotidien vaudois consacre une page entière à la polémique ainsi qu’à M. Branco qui a suscité la bronca...

Selon que vous serez puissant ou misérable, disait le fabuliste - selon que vous présidez un Jury œcuménique ou officiel et international, vos propos seront répercutés plus ou moins largement. «C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule», ainsi était intitulé un film de Jacques Besnard. Dans certaines circonstances (et le soussigné en a bien pris conscience en tant que président du Jury œcuménique de Cannes cette année), c’est pas parce qu’on a quelque chose à dire qu’il ne faut pas fermer sa gueule. No comment...

Daniel Grivel (CF 641)