L'édito de Adèle Morerod - La parure d’une cité, c’est le glamour de ses héros (?)

Le 18 octobre 2017

Depuis quelques jours, une affaire fait bruisser le petit monde d’Hollywood: Harvey Weinstein, producteur puissant et reconnu (notamment pour Pulp Fiction ou Gangs of New York) est accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes du métier.

La presse s’en est pourtant peu fait l’écho, restant au mieux neutre, minimisant les faits la plupart du temps. Ce n’est pourtant pas le premier a être ainsi inquiété. Roman Polanski, Casey Affleck, Johnny Depp, Woody Allen, parmi d’autres, ont aussi eu droit à leur part d’accusations ces dernières années.

Mais sont-ils vraiment inquiétés? Des voix s’élèvent, protestent; les personnalités mises en cause déclinent éventuellement une invitation à tel festival, se font discrètes un temps et puis continuent leur carrière comme si de rien n’était. La justice, comme la presse, semble peu encline à condamner vraiment ces actes. Face aux stars, les victimes sont en effet d’abord soupçonnées de vouloir tirer profit de la situation, qu’elle laisse espérer argent ou gloire passagère. Le glamour et le pouvoir feraient-ils oublier de se mettre d’abord du côté de celles et ceux qui disent avoir souffert? D’autant plus quand on sait combien avouer une agression coûte déjà aux victimes.

Si ce n’est ni au spectateur, ni même au critique de remplacer la justice, il serait illusoire de croire que nous ne sommes pas concernés. Pouvons-nous nous contenter de distinguer l’œuvre de son auteur/acteur et profiter de la première indépendamment de tout le reste? Ou seul le temps peut-il créer cette rupture? Et lorsqu’il s’agit d’un ici et maintenant, faudrait-il agir pour faire entendre la réelle violence de tels actes? Par exemple en refusant de voir certains films?

La réponse, si elle existe, est laissée à chacun. On se contentera d’indiquer la jolie bande dessinée de Mirion Malle, L’Impunité des hommes (célèbres), qui a le mérite d’aborder le sujet de front (note de bas de page). Et de montrer les mécanismes d’une société, qui vont bien au-delà des paillettes et des projecteurs. En témoigne le magnifique La Belle et la meute, de Kaouther Ben Hania (critique d’Antoine Rochat), qui sort aujourd’hui.

Adèle Morerod

lien vers la BD de Mirion Malle  http://www.mirionmalle.com/2016/09/limpunite-des-hommes-celebres.html