L'édito de Antoine Rochat - Qu’est-ce qu’un bon film ?

Le 08 février 2017

Depuis quinze ans Ciné-Feuilles a pris l’habitude de dresser la liste annuelle des films qui ont obtenu les meilleures «notes» de ses  rédacteurs. Année après année – sans tricher ! – on découvre qu’il y en a toujours entre 15 et 20 qui se situent au-dessus de la moyenne de 16, soit 4 à 6% de la totalité des films sortis sur nos écrans.

D’autres journaux ou revues pratiquent le même exercice. Le quotidien  «Le Temps » a lui aussi dressé une liste de 9 films qui ont marqué l’année 2016 (7 d’entre eux se retrouvent dans la liste de Ciné-Feuilles). Et l’hebdomadaire français Télérama, par exemple,  s’est déterminé sur une liste de 15 films (avec 5 titres mentionnés dans les listes du Temps et de Ciné-Feuilles).

Universitaire français et cinéphile, Laurent Jullier a essayé de définir les critères de référence souvent utilisés par les critiques (professionnels ou amateurs) pour définir ce que l’on appelle un «bon film» (Qu’est-ce qu’un bon film ?, Paris, Éd. La Dispute, 2002). Il en mentionne six.  Les  deux premiers critères sont, selon lui, «le succès et la réussite technique». Un bon film, c’est vrai, est en général un film qui a du succès, même si le box-office n’est pas une référence infaillible de qualité. Et la réussite technique de l’oeuvre est aussi un élément très important : on ne dira pas en effet d’un film qu’il est bon si le son, l’image, le montage, le jeu des acteurs restent approximatifs…

Laurent Jullier mentionne deux autres critères: un bon film est «édifiant et émouvant». Il doit donc d’abord nous apprendre quelque chose sur le monde, sur notre propre vie, et il doit ensuite toucher notre affect. La deuxième piste (l’émotion) peut se révéler assez subjective : on peut en effet aimer une star, ou préférer le mélodrame, on peut être touché par une musique ou par des effets de surprise…

Restent enfin les deux derniers critères cités, peut-être les plus importants: «l’originalité et la cohérence». On dira d’un film qu’il est original s’il est nouveau pour l’époque, s’il n’est pas la copie conforme d’un autre, si l’angle d’attaque est personnel, si son écriture nous réjouit. Quant à la cohérence, c’est bien évidemment une des qualités structurelles essentielles d’un film, sous forme de refus de la facilité, mais qui doit en même temps respecter la place dévolue à l’originalité…

Six pistes intéressantes à suivre, six critères qui sont comme une première réponse à la question posée plus haut. Chacun s’y référera peu ou prou, selon sa sensibilité, sa liberté personnelle ou sonhumeur du moment. Il s’agit aussi de laisser parler son cœur…

Antoine Rochat