L'édito de Serge Molla - La vie, quelle histoire !

Le 14 décembre 2016

Le cinéma raffole des récits de vie, c’est évident. A commencer par les destins (tragiques) d’idoles, comme le souligne le récent Dalida de Lisa Azuelos. Car dans la trame d’une existence il y a toujours quelque élément analogue, voire identique, à celui de son propre parcours, vécu, espéré ou même rêvé.

Cela explique que tant de grands cinéastes passent des vies au scanner. Pour en saisir le secret.

En 2009,Clint Eastwood, avec Invictus, tire le portrait d’un homme « capitaine de son âme ». Ce sont moins les engagements de Nelson Mandela qui I’intéressent que les ressources intérieures qui les ont générés. Aujourd’hui,  avec Sully, le même réalisateur s’arrête sur ce pilote qui, le 15 janvier 2009, sauve la vie de ses passagers en arrivant à poser in extremis son avion sur l’Hudson. Mais il y a aussi Steven Spielberg qui, l’an passé, met en exergue le rôle d’un inconnu dans un échange en pleine guerre froide sur Le Pont des espions. Ou Mel Gibson, tenaillé par ses convictions, qui s’interroge sur le Christ dans la Passion du Christ (2004), où il veut faire croire à sa vérité des faits en faisant entendre araméen et latin ! Prochainement, on  découvrira, dans son récent Tu ne tueras point, l’étonnant parcours de Desmond T. Doss, un objecteur de conscience adventiste. Quant àJ érôme Salle, il révèle avec son Odyssée combien le Commandant Cousteau tant aimé nageait en eaux troubles relationnelles et prit presque autant soin de son image que des océans.

Tous ces individus extraordinaires stimulent, mais ils sont parfois fort lointains de tout un chacun. A la différence de ceDon Quichotte anglais que personne ne reconnaît, au point que, pour être pris au sérieux, en un mot « exister », il doit tagger son identité  en majuscules: Moi, Daniel Blake. C’est un inconnu, héros du quotidien, mais qui aurait tout autant pu s’appeler Dupont ou... Et vous, au fond, comment vous appelez-vous ?

Serge Molla