L'édito de - L'amour du cinéma

Pourquoi, à l’heure des vidéos à la demande, préfère-t-on encore et toujours aller au cinéma, alors qu’on pourrait se lover dans un canapé et regarder un film sur sa tablette sans être importuné par les doigts qui plongent frénétiquement dans des gobelets de popcorns ?

Avec l’arrivée en force des révolutions technologiques, les prévisions étaient pessimistes : le grand public déserterait les salles de cinéma. Or le cinéma se porte bien et l’on va toujours volontiers se faire une toile. Si la courbe de fréquentation a, paraît-il, légèrement fléchi, certains films comme le dernier Star Wars ont atteint des records d’entrées.

Aller au cinéma, c’est s’offrir une sortie en ville, quitter son train-train quotidien pour découvrir un autre regard sur le monde que le sien, côtoyer des gens qui ont fait le même pari que vous sur un film, partager avec eux un moment fort, rigoler ou siffler ensemble une séquence lamentable ; c’est partager des émotions, voire applaudir comme le public l’a fait à la fin de la projection du film de Cyril Dion et Mélanie Laurent Demain, qui ne culpabilise pas mais nous montre ce que des gens font pour préserver notre planète. Une manière intelligente d’ouvrir un dialogue, de nous faire cogiter sur notre manière- ou non-  de protéger la nature. C’est aussi, comme le dit l’actrice américaine Glenn Close, « pouvoir lire l’âme de quelqu’un juste en regardant ses yeux ». C’est essayer de comprendre des êtres qui, à priori nous sont totalement étrangers. C’est aussi parfois se regarder en face sur grand-écran, ce qui stimule mieux la réflexion que quand on promène distraitement son  regard sur le petit écran d’une tablette. C’est pouvoir entrer dans un paysage en 3D, pouvoir goûter à des sensations fortes tout en restant bien à l’abri dans son fauteuil ; c’est souvent rêver, mais aussi découvrir et apprendre.

Mais c’est avant tout essayer de passer un bon moment au milieu d’autres gens.

Nicole Métral