L'édito de - Une bien triste nouvelle

Le 05 mars 2015

Alors que je m’asseyais dans un fauteuil pour voir en avant-première le film de Richard Glatzer, Still Alice, avec Julian Moore qui campe une femme, la cinquantaine rayonnante, qui se découvre atteinte de la maladie d’Alzheimer - sujet a priori pas vraiment gai ! -, j’ai été assommée par une triste nouvelle : la mort de Daniel Grivel, notre rédacteur en chef, présent à presque tous les visionnages, même des navets présumés les plus consternants.

Un passionné de cinéma qui, à coup de critiques sensibles, a su transmettre son enthousiasme dans cette revue qu’il portait à bout de bras et avec une élégance morale et une constance dont nous lui sommes infiniment reconnaissants. En jetant un coup d’œil en page deux de Ciné-Feuilles, on s’apercevait très vite en considérant le tableau des appréciations, que sa colonne était celle qui comportait le plus de notes, donc de visionnages.

GrivelDanielJe l’avais connu à la Radio Suisse Romande il y a bien longtemps, alors que journaliste, il collaborait aux émissions protestantes alors que je faisais mes premiers pas de journaliste RP aux actualités nationales. C’est lui qui a créé la Commission vaudoise de contrôle des films qui fixe l’âge d’admission dans les cinémas, doublé d’un âge conseillé pour les jeunes, alors qu’il était secrétaire général adjoint du Département de l’Instruction publique et des cultes à l’Etat de Vaud. J’ai aussi fait partie de cette commission pendant une ribambelle d’années. C’est lui aussi qui m’a invitée à faire partie de l’équipe de chroniqueurs bénévoles de la rédaction de Ciné-feuilles ; c’est dire que nous nous sommes beaucoup croisés.

Grâce à Daniel Grivel, nous avons toujours collaboré dans une atmosphère détendue, faite de respect réciproque, d’amitié vraie et de questionnements éthiques enrichissants. Jamais le pasteur qu’il était ne s’est hasardé à imposer ses vues, écoutant toujours les autres avec attention. « Je n’ai pas l’assurance de celui qui sait. Je préfère partager un moment de prière pour faire part de nos questions ensemble »,  a- t-il confié dans une interview à un quotidien vaudois en 2004. A la rédaction, nous sommes tous dans la peine, orphelins d’un rédacteur en chef et ami passionné de cinéma, qui nous stimulait et nous faisait voir la vie en couleurs sur grand écran.

Nicole Métral