L'édito de - Vas-y voir!...

J’ai essayé, pas pu: c’est pourtant avec enthousiasme et conviction, me semblait-il, que j’ai incité mes amis proches à aller voir le film en noir et blanc de Pawel Pawlikowski Ida que j’ai beaucoup aimé et qui m’a marquée. D’accord, les questions liées à la foi ne font pas vraiment recette aujourd’hui, ni d’ailleurs la Pologne déglinguée des années 60 qui sert de toile de fond au long métrage.

Ensuite, je leur ai vanté les qualités du docu-fiction Amours ennemies du réalisateur suisse Werner Schweizer qui m’a fait découvrir une féministe suisse des années 60, Iris von Roten, dont j’ignorais tout. Une fois encore, j’ai fait chou blanc. Marion a préféré voir Supercondriaque parce qu’elle apprécie les mimiques de Dany Boon et qu’elle veut rire au cinéma plutôt que pleurer; Julie, fan de Mathias Malzieu,  est allée voir le film d’animation Jack et la mécanique du cœur que le chanteur du groupe Dionysos a réalisé avec Stéphane Berla.
Le choix d’un film, je l’ai compris, est une question de goût et de vécu intimes, mais aussi d’émotions suscitées par les films précédents du même réalisateur. Mais alors pourquoi écrire des critiques de films forcément subjectives et très personnelles? Comment est-ce que moi-même je choisis les films que je vais voir? En me laissant parfois séduire par les commentaires de certains critiques de cinéma mais aussi en prenant systématiquement le contrepied de l’avis de certains autres critiques, parfois un peu trop élitaires. En fin de compte, qu’il fasse rire ou pleurer, un film ne doit pas seulement nous toucher mais aussi nous aider à appréhender le monde, à comprendre les autres et à éclairer nos propres sentiments et notre propre histoire. Qu’il soit un film populaire ou d’auteur, qu’importe, ce qui compte, c’est qu’il ne nous manipule pas. Car ne l’oublions pas, le cinéma peut aussi être un insidieux outil de propagande. Et là, la critique peut-être vraiment utile pour mettre en garde le spectateur contre toute manipulation sournoise.

Nicole Métral