L'édito de Daniel Grivel - Votation du 9 novembre Suite et (c'est pas) fin

Le 27 février 2014

Depuis sa création dans les années 1990, le programme MEDIA, géré par la Commission européenne (direction générale de l'éducation et de la culture) et par l'Agence exécutive Education, audiovisuel et culture, a soutenu le développement et la distribution de milliers de films aussi bien dans des activités de formation, des festivals et des projets de promotion à travers le continent.

Ce programme est arrivé à échéance à la fin de l'an dernier; lui succède pour la période 2014-2020 le programme «Creative» d'aide à la culture, qui entend encourager les acteurs audiovisuel, culturels et créatifs à agir à travers l'Europe, en vue d'atteindre de nouveaux publics et de développer les compétences requises par l'ère digitale.
Notre pays participait pleinement au programme MEDIA depuis 2006. Le cinéma suisse était ainsi renforcé sur le plan international, ses filmsayant de meilleures chances d’être projetés à l’étranger, jouissant d’un plus grand rayonnement et d’un potentiel commercial accru. Cette participation garantissait également aux réalisateurs suisses un accès à des mesures de soutien et de promotion identiques à celles dont profitent leurs homologues dans les Etats membres de l’UE, à la formation continue ainsi qu’aux réseaux. L'usage de l'imparfait est de rigueur: l'Union européenne a confirmé le 18 février que son programme d'aide à la culture serait suspendu tant que la Suisse ne signerait pas l'accord de libre circulation avec la Croatie. Voilà donc un autre effet collatéral de l'acceptation de l'initiative contre l'immigration de masse. C'est ainsi: par son vote, la Suisse a changé les règles du jeu et modifié les données relatices aux accords bilatéraux; on peut comprendre que le partenaire européen la prenne au mot. Ça n'est pas très fin, mais c'est un peu la réponse du berger à la bergère.
Cela dit, il y a des accords dans lesquels une partie est plus égale que l'autre... Selon une source européenne, le point fort du programme culturel demeure le secteur de la distribution. Ainsi, le public suisse découvre chaque année jusqu'à 300 films de toute l'Europe. Combien de films helvétiques les spectateurs européens ont-ils l'occasion de voir chaque année?... Un long métrage a en tout cas quelques chances de succès: L'expérience Blocher de Jean-Stéphane Bron. Sa sortie en France mercredi dernier est tombée pile.
Au demeurant, rien n'empêche réalisateurs et producteurs suisses de présenter malgré tout leurs demandes à Europe Creative, qui financera des projets transnationaux au bénéfice de 260'000 artistes et professionnels de la culture entre 2014 et 2020. Mais si les sous ont leur importance, le niveau du «produit» qui en résulte n'en a pas moins. Qui, déjà, avait appelé de ses voeux «un cinéma suisse populaire et de qualité»?...

Daniel Grivel