Locarno. Impressions d'une festivalière

Le 20 août 2013

C’est à juste titre que le nouveau directeur du Festival de Locarno, Carlo Chatrian, peut être fier de diriger une manifestation qui «sait présenter le cinéma de demain en le faisant dialoguer avec l’histoire du cinéma.»

Côté histoire : deux films de fiction de  Werner Herzog projetés en sa présence ont confirmé l’hypothèse que ce réalisateur avait donné autrefois le meilleur de soi. Découvrir The White Blue Yonder (2005) ou My Son, my Son, What Have You Done?  (2009) fut une grosse déception.

Locarno PlazzaGdeDeux grandes dames du cinéma étaient présentes, Faye Dunaway et Jacqueline Bisset, la première un peu plus marquée par «des ans l’irréparable outrage» que la seconde. Ce fut un réel plaisir de revoir sur le gigantesque écran de la Piazza Grande  Rich and Famous de George Cukor, où brillent Jacqueline Bisset et Candice Bergen.

Cukor, justement, était à l’honneur cette année: 50 films, une rétrospective complète. Une quinzaine sont archi-connus, et la rétro m’a confortée dans l’idée que les films méconnus ne l’étaient pas sans raison.

Pis: une surdose de Katharine Hepburn, véritable mitraillette glapissante dans plusieurs des dix films qu’elle a tournés avec Cukor, est létale!

Vous qui vivez près de Genève ou Lausanne pourrez vérifier sur pièces aux Cinémas du Grütli (jusqu'au 10 septembre) et à la Cinémathèque suisse (du 29 août au 31 octobre) qui reprennent une partie de la rétrospective.
Et il faut mentionner Sir Christopher Lee, qui régala le public d’anecdotes sur certains des 227 films qu’il a tournés, et en chantant quelques passages de Don Giovanni avec sa magnifique voix de ténor!

Trois films suisses très différents et ô combien captivants  ont eu l’heur d’interpeller public et critiques : Tableau noir d’Yves Yersin, L’expérience Blocher de Jean-Stéphane Bron et Mary, Queen of Scots de Thomas Imbach.ExperienceBlocher

Le Yersin, film nostalgique et réflexion sociale sur les derniers mois d’une classe de montagne à plusieurs niveaux, sous l’égide d’un généraliste passionné et passionnant, a obtenu une mention spéciale du Jury œcuménique, et encore deux autres récompenses. Le Bron, portrait  lisse, impressionnant et jamais hagiographique ni polémique d’un puissant self made man que les politiquement corrects se font un devoir d’abhorrer, même sans le connaître. Et enfin un merveilleux film en costumes sur une reine qui, féministe et libérée avant l’heure, crut pouvoir concilier les fanatismes religieux, mais n’eut jamais les talents de politicienne requis  pour ce faire.
Rares sont les films de la compétition qui sortiront sur nos écrans, alors, à vos marques : guettez sur vos petits écrans ceux qui ont été primés à Locarno, vous aurez peut-être de bonnes surprises.

Le temps nous a manqué pour les tester pour vous.

Suzanne Déglon Scholer